Le jazz et le blues sont bien plus que des cousins éloignés … ils sont frères et pour s’en rendre compte il suffit d’écouter Charlie Christian (un des parrains du bebop), Grant Green, Wes Montgomery ou tout simplement de faire tourner une des plus belles galettes de Blue Note : Midnight Blue du guitariste Kenny Burrell.
Kenny était très fort. Du haut de ses 24 ans il avait fait son apparition dans le label Blue Note en tant que leader avec l’excellent « Introducing Kenny Burrell ». C’était une exception à la règle du label qui imposait à ses musiciens de faire leurs premiers pas en tant que sidemen avant d’enregistrer un album en tant que leader !
Huit ans et une vingtaine d’albums enregistrés séparent « Introducing Kenny Burrell » de « Midnight Blue ». Huit ans est une très courte période pour certains, une éternité pour d’autres. Huit ans séparent le début du lycée à la fin des études et le début de la vie active. Huit ans séparent un coup de foudre d’une routine, la folie de l’adolescence à la résilience de l’âge adulte.
Pour monsieur Burrell (né en 1931 et qui est toujours en vie !) c’était le temps de démarrer son travail à Détroit dans des groupes de blues, de s’affirmer comme un des plus grands guitaristes jazz et de revenir à son amour de jeunesse (le blues) pour lui dédier un disque d’une rare élégance et simplicité. Et créer en même temps une majestueuse porte d’entrée sur les murs (souvent infranchissables pour le commun des mortels) de la citadelle du jazz…