La face cachée de la lune a toujours inspiré beaucoup d’artistes. Je ne parle pas de la vraie face cachée qu’on ne voit pas en levant les yeux au ciel et qui excite notre imagination, je parle de Dark Side of the Moon. L’album qui a fait des Pink Floyd des géants, l’album le plus vendu de la planète, un album studio parfait qui avait tout pour plaire : Les notes, les sons, les thèmes, les paroles, la production d’Alan Parsons, la pochette de Hipgnosis avec le prisme sur un fond noir. S’attaquer à lui et reprendre ses morceaux n’est pas une mince affaire, c’est comme si on voulait revisiter la Joconde, la Guernica ou la Chapelle Sixtine.
Le rejouer en entier sous un autre angle – via un autre genre - nécessite beaucoup de culot et de génie. Les Flaming Lips l’ont très bien fait, en mode expérimental-psychédélique. Vocomotion aussi, à cappella – la grande classe -. Poor Man’s Whiskey encore mieux en mode country-blues-rock sudiste. Les Squirrels moins bien – c’est peut-être pour cela qu’ils l’ont intitulé The Not-So-Bright Side of the Moon !
La palme d’or selon moi revient à Easy Star All-Stars avec leur Dub Side of The Moon. Ils ont choisi le genre le plus éloigné du rock progressif initial des Pink Floyd, le reggae. Le plus adéquat pour l’apprécier, autour d’un pétard ou pas. Les guests du label New-Yorkais Easy Star ont ralenti le rythme, accentué les basses, ajouté des paroles et des effets qui incitent les auditeurs à partir dans l’espace pour se rapprocher le plus de la lune et peut être la voir... On entend des briquets qui s’allument, des bulles de bongs qui se forment, des percussions et des drum machines qui s’emballent, des échos et des cris, des rastas qui toussent et qui rient, des coqs et des clairons de cavalerie … c’est de la folie !
Malgré les apparences on est très proches des originaux. Certains effets ont été gardés et côtoient des nouveautés, les très beaux textes d’origine sont présents, parfois augmentés avec des paroles rastafariennes, des samples se sont greffés à la rhythmique reggae pour garder l’œuvre de Pink Floyd omniprésente. Tous les morceaux sont clairement identifiables, on est dans une logique de restructuration qui amène l’auditeur à planer davantage. On est très loin de l’hérésie et du blasphème que certains fans pourraient imaginer, on est en plein cœur du paradis que la bande de Waters a imaginé il y a 47 ans.
Peace (et santé à tous) !