« ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE DU SYSTEME NERVEUX EN GENERAL ET DU CERVEAU EN PARTICULIER, avec des observations sur la possibilité de reconnaître plusieurs dispositions intellectuelles et morales de l'homme et des animaux par la configuration de leur tête ».
Tel était le titre du livre fondateur de la phrénologie, écrit au début du XIXème siècle par un connard allemand dont je ne citerais pas le nom. Le gars pensait que les bosses d’un crâne humain pouvaient expliquer certaines dispositions intellectuelles et morales de son propriétaire. Du pain béni pour les racistes…. et les Roots, un des meilleurs groupes de hip hop !
The Roots de Philadelphie, n’ont jamais fait les choses comme la majorité de leurs collègues hip hop. ?uestlove (le batteur leader) et sa bande ont toujours utilisé des instruments sur scène, leurs samples viennent en grande partie de la musique qu’ils jouent en studio. Et surtout ils ont fait du militantisme et de la sobriété les deux principes de base de leur musique. (Ce qui est particulièrement appréciable chez les humanistes, les philosophes et autres bons gars)
En 2002 avec Phrenology ils entamaient le 21ème siècle très fort. Le titre et la pochette ne laissaient personne indifférent. Ce jeu de l’oie à l’intérieur du cerveau de ce noir avec des cases KKK, black panthers, la tombe RIP 1984-2001, Elvis, le type qui se shoote posaient pas mal de points d’interrogation. On est dans la pensée noire, sur un fond de tensions sociales et discriminations. Puis l’orientation musicale était assez inhabituelle pour un groupe de hip hop. Ils s’étaient engouffrés dans la brèche neo-soul qui s’est ouverte dans les années 90 en amenant dans leur musique un peu de jazz, de funk, de rock et évidemment de la soul. Sans vendre leur âme au diable commercial !
La versatilité de cet album est stupéfiante. On passe d’un rap hardcore (Rock You) à une pop-soul dansante (The Seed). Une intro punk (!!!!!!) précède un rap mélodieux (Sacrifice). Les percussions du célèbre Apache de Incredible Bongo Band fusionnent avec d’autres samples pour sortir en surface Though @Work. Un refrain R’N’B se glisse au milieu de Break you off. Une rythmique funk dérive vers un battement de cœur inquiétant puis monte sur un nuage psychédélique dans Water. Ils se permettent même de clore l’album sur un de la techno (Thirsty).
Enorme !