★ Bjorn Berge - Who Else ? (2019)
Les musiques qu'on croit locales n'ont pas vraiment de frontières. C'est la première chose qui m'a traversé l'esprit lorsque j'ai écouté le dernier album de Bjorn Berge, un norvégien. Le rock de Bjorn, né dans le pays des fjords, transpire le Sud des Etats Unis. Là où le blues a été inventé, là où les plus grands bluesmen ont écrit les plus belles pages de blues électrique et de rock sudiste.
La basse et la batterie sont puissantes, la voix caverneuse a une chaleur que beaucoup de chanteurs envieraient, la guitare décape avec ses riffs et solos. On ferme les yeux et on est transporté dans les contrées texanes, dans une boîte où la bière coule à flots et où se baladent des cowboys et des clones des bons vieux ZZ Top.
★ The Marshals - Les Bruyères Session (2019)
On reste dans le blues/rock et on ne rentre toujours pas à son bercail, les Etats-Unis ! Cette fois-ci on est à la maison, dans l'hexagone. Dans Les Bruyères, en plein milieu de nulle part, dans une maison perdue où the Marshals - trois musiciens français - ont décidé d'installer leur matériel et enregistrer leurs sessions.
Chez eux, simplicité rime avec virtuosité. On n'a pas besoin d'être nombreux pour chanter le blues ! Les vieux bluesmen pouvaient le faire seuls, les White Stripes et Black Keys étaient deux, les Marshals sont trois. Pas besoin de passer beaucoup de temps en studio, les « Bruyères Sessions » ont été enregistrées en quatre jours. Lorsqu'on a le feeling comme les Marshals, on va droit au but. Sans fioritures, en un minimum de notes. Ils savent que l'économie est un excellent principe, en musique.
Guitare, batterie, harmonica, voix sont leurs instruments. Les paroles sont en anglais, normal on ne peut pas prendre une autre langue pour chanter le blues ... ce serait un sacrilège ! Leur son est basique, naturel, instinctif. Après tout, pour exprimer ce qu'on a dans le cœur on ne réfléchit pas. On agit de façon instinctive, naturelle, basique non?
★ Deerhunter - Why Hasn't Everything Already Disappeared? (2018)
Les "Chasseurs de cerfs" se demandent pourquoi tout n'a pas déjà disparu ? Avec un tel nom de groupe et titre, un album ne peut qu'attirer des oreilles curieuses ! Deerhunter est un groupe américain qui évolue dans le rock alternatif depuis le début des années 2000. Leur son a évolué au fil du temps. Pour le malheur de certains fans sclérosés de première date et le bonheur de tous ceux qui trouvent indispensable le changement de cap, la régénération d'un artiste.
Ils étaient punk et noisy à leurs débuts, puis ils ont ajouté des couches expérimentales, garage, psychédéliques à leurs travaux. Leur dernier opus est dans une forme plus artistique, on est dans le art rock. Un mélange très agréable de folk-rock, qui s'articule autour d'un concept. L'idée de régression généralisée de notre monde en termes de nature, d'humanité et de culture. Les paroles sont sombres mais les mélodies sont lumineuses, parfois mélancoliques. A chaque morceau on entend de nouveaux instruments, de nouvelles voix et sonorités. Une vraie beauté !
★ Vangelis – Nocturne (The Piano Album) (2019)
J'avais écrit pour le country blues de John Lee Hooker que la beauté allait souvent de pair avec la simplicité. Il en est de même pour Vangelis et Nocturne. L'enfant d'Aphrodite, devenu un vieux sage, a laissé de côté ses claviers et machines électroniques sophistiquées pour créer de nouvelles pièces et reprendre ses plus grands thèmes cinématographiques au piano. Un exercice inhabituel pour lui dont le résultat est stupéfiant. Surtout pour les thèmes connus (Charriots of Fire, 1492, la petite fille et la mer, love theme de Bladerunner) dont ces versions sans chœurs et orchestre leur donnent une autre dimension.
Le cadre idéal pour l'écouter est une nuit étoilée, la pochette et le titre nous mettent sur cette voie royale. Pour apprécier pleinement le son limpide et la beauté d'un des rares instruments polyphoniques. Où un seul homme peut créer simultanément rythmes et solos.