Dans chaque genre musical il existe une poignée d'albums indispensables. Que l'on pourrait facilement emporter avec soi avec une sélection restreinte de galettes sur une île déserte. Des albums qu'on peut écouter en boucle sans se lasser, des chefs d'œuvres immortels. Du côté hip hop, un des premiers qui me vient à l'esprit est le deuxième album d'Immortal Technique, le rappeur newyorkais d'origine péruvienne. Revolutionnary Vol.2.
Felipe Andrés Coronel est né dans les hauteurs de Lima, à la fin des années 70. Très vite ses parents et lui ont émigré à New York, du côté de Harlem. Ses origines (hispano-franco-africaines), son statut d'immigré ainsi que la ville de sa jeunesse où battait le cœur du hip hop ont forgé son caractère militant et une lame très fine pour ses futures joutes verbales. Après avoir séjourné en prison et gagné des concours de rap, il décide en 2001 d'autoproduire son premier album "Revolutionnary Vol.1". En 2003 il passe par le petit label Viper Records pour enregistrer son chef d'œuvre, Revolutionnary Vol.2.
On est en pleine paranoïa post Septembre 2001. Un des présidents les plus idiots des Etats-Unis, George W.Bush, dirige l'empire capitaliste. Le sort du monde est entre ses mains. Immortal Technique ne peut pas laisser passer ça ! Les mots et la musique doivent combattre les armes de destruction massive déployés dans la région du Golfe. Il utilise des samples soul/latin très mélodieux pour poser son hip hop politique : Pauvreté, trafic de drogues, censure, racisme, luttes des classes et évidemment les attaques du 11 Septembre y passent. Son accent est très clair, pas besoin d'être new yorkais ou américain pour comprendre ses messages. Le son de cet album est jouissif, le volume ne peut pas rester bas, on doit pousser les enceintes à faire leur travail au maximum.
Malheureusement les grandes industries du disque, les trusts des médias et la CIA, n'ont pas du tout apprécié son discours. Surtout ses mots de tolérance vis à vis de l'Islam dans une période d'activité guerrière intense. Ses albums n'ont pas eu les canaux de diffusion des cadors du hip hop, il a subi une forme de censure et est resté underground. Tant pis ou tant mieux je ne sais pas. Mais si un jour vous avez la chance de tomber sur cet album avec la pochette au tag en rouge, n'hésitez pas. Prenez-le et usez-le !