Ibrahim Maalouf est un artiste infatigable, prolifique, éclectique. Un excellent musicien franco- libanais, consacré à son monde musical. Celui de la trompette, de la fusion jazz orientale très accessible et abordable pour toutes les oreilles.
Depuis son premier opus, Diasporas, il a sillonné la France pour être au plus près des amateurs de bonne musique. Pour les charmer avec son talent et son charisme. Il a enchainé de très bons albums et collaborations avec de grands artistes. Au fil des années il a gravi des sommets en devenant un compositeur/instrumentaliste incontournable en France. Sa musique s'est bonifiée en empruntant de nouveaux chemins tout en gardant sa signature : Le son oriental de sa trompette micro tonale, inventée par son père.
Son dernier album, Levantine Symphony No1, est une œuvre fluide et continue. Elle est structurée en mouvements qui se suivent, sans rupture. On n'est pas dans une symphonie au sens classique du terme mais plutôt dans une vision moderne où les instruments forment des sous-ensembles qui s'expriment dans des mouvements et thèmes. On a un cœur d'enfants, un orchestre, un groupe de jazz, et un ensemble de trompettes. Chacun se relaie pour continuer là où se termine son prédécesseur. Et jouer avec ou sans lui.
Le thème initial est repris, enrichi, déstructuré puis restructuré dans une suite continue de pièces. Comme lorsqu'on visite une belle maison, on rentre par le jardin, et après avoir franchi la porte principale on passe d'une pièce à l'autre. Tous les espaces communiquent, il y a des portes et des fenêtres partout. Parfois les cloisons tombent et les groupes d'instruments se mêlent pour élever l'intensité sonore et notre plaisir. Le soliste et chef d'orchestre Ibrahim, oriente nos pas (ou plutôt nos oreilles). Comme le ferait un bon maître de maison pour surprendre et plaire à ses hôtes.
Avec sa première symphonie, Ibrahim franchit encore un cap. Le trompettiste s'est mué en chef d'orchestre, ses compositions se complexifient tout en restant simples et populaires. Il ne s’agit pas de vulgarisation mais du grand art. Qui met en valeur classique, jazz et musiques ethniques, des genres musicaux malheureusement sous-exposés de nos jours. Après l'avoir suivi de près depuis Diagnostic en 2012 je vais oser écrire qu'il me fait de plus en plus penser à Miles Davis...Pour sa maîtrise, sa vision novatrice portée par la fusion, son ascension. Pour que la comparaison soit parfaite il faudrait, dans les années qui viennent, qu’Ibrahim soit révélateur de talents en montant avec eux des formations "tueuses" et porteuses des sons du futur. Facile pour un génie ;-))