BCUC feat. Femi Kuti - Grande Halle de la Villette (30 Août 2018)

Publié par Christos sur 3 Septembre 2018, 16:18pm

Ouvrir le concert d'un artiste célèbre, dans une grande salle, devant un public qui ne vous connait pas, n'est pas une chose facile. C'est une épée à double tranchant qui peut soit vous griller, soit vous donner des ailes et vous propulser vers le ciel. Il peut même arriver, dans des moments rares d'alignement d'étoiles, que l'ombre de la première partie vienne s'abattre et surpasse la tête d'affiche.

C'est ce qui est arrivé Vendredi dernier, sous le chapiteau de la grande halle de la Villette. J'étais parti voir Salif Keita, le noir blanc malien, l'homme qui m'a fait aimer la musique africaine. Et je me suis pris une claque par BCUC, un groupe sud-africain de Soweto. Et plus particulièrement par son frontman Jovi Nkosi. Il est arrivé sur scène sans fanfares et annonces, je l'ai pris pour un membre du staff qui réglait la sono. Avec son T-shirt jaune, le sifflet autour du cou et sa corpulence de déménageur. Et quand la basse et les percussions ont commencé leur travail, il est resté au milieu de la scène en attendant son tour.

Dès le premier morceau j'ai réalisé que ce type était charismatique, qu'il était plus qu'un chanteur. Un prêtre des temps modernes. Sa présence sur scène, le contact avec le public, ses discours, ses mouvements qui s'emballaient dès que les grosses caisses vibraient. Et surtout sa voix! Le seul instrument à cordes sur présent sur scène qui par sa puissance et profondeur a surchauffé la salle. Il y avait du Screamin' Jay Hawkins, du James Brown en lui. Il a un timbre inoubliable, tantôt soul tantôt rock – voire punk - qui se marie parfaitement avec la section rythmique de BCUC (composée d'une basse, de deux grosses caisses et des djembés). Qui canalisait le son et sonnait la révolte, ou plutôt le départ des danses et acclamations des spectateurs. Il y avait aussi la choriste qui mettait un peu de douceur dans cette musique brute et puissante. Et surtout le saxo du grand Femi Kuti, fils du légendaire Fela, qui est venu se greffer au groupe pour lui donner davantage de voix et de lumière.

BCUC sont les initiales de "Bantu Continua Uhuru Consciousness". Bantu est un groupement de langues locales centrafricaines, uhuru la liberté en swahili. Uhuru est également un mouvement politique axé sur le développement du continent africain, profondément anti-capitaliste. BCUC n'est pas un groupe de plus parmi tant d'autres mais une expérience musicale et spirituelle. L'énergie qu'ils dégagent sur scène, le son urbain et les paroles socialement et politiquement engagées, leur donnent une aura et une différence très appréciée dans un monde de plus en plus uniforme. A suivre et surtout à voir en concert !!

...La preuve en images :

Kamasi Washington - Heaven and Earth (2018)

Immortal Technique - Revolutionary Vol.2 (2003)

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