Heaven and Earth n'est pas un album de jazz, comme certains pourraient croire en regardant sa pochette. C'est bien plus que ça, c'est une porte de fusion pour passer d'un genre musical à l'autre. Comme Kamasi Washington sait très bien le faire en jouant aux côtés de Wayne Shorter, Herbie Hancock, Flying Lotus, Kendrick Lamaar, Lauryn Hill, Thundercat ou Mike Muir !
C'est un album de marathonien en deux volets. Sa durée totale d'environ 3 heures (!!) pourrait faire fuir plus d'un mais une fois qu'on est plongé dedans on laisse le temps passer. La tentation de toucher sur la touche forward s'en va dès le début...
La variété des compositions est exceptionnelle. Certes on ressent la base de Kamashi Washington, le saxophone alto et son amour pour le jazz. Mais sa musique, avec la virtuosité de la fine équipe qui l'entoure, prend des formes différentes avec des couleurs soul, funk, classique, pop, hip hop.
Chaque morceau de l'album est une explosion de saveurs qui prend son temps de se développer selon une direction différente. Une ligne funky toute simple de basse/guitare peut venir après une orgie symphonique de cœurs et orchestre. Un chanteur ou une chanteuse soul peut donner la réplique à un solo de saxo. Une rythmique latin peut cacher un exercice de piano de haute voltige ou un groove urbain. Et toutes ces directions nous amènent sur un chemin très cohérent, celui de la Terre au Paradis.
Comme tout grand album, à sa sortie les critiques sont partagées. Certains comme moi vont voir une œuvre brillante, d'autres verront un album ennuyeux en pointant du doigt la longueur des morceaux, la densité ou le côté kitsch des orchestrations. Le temps se chargera de donner sa juste place dans la discothèque mondiale. Ce temps qui s'écoule trop vite et qu'on ralentir par moments en écoutant de la bonne musique.
PS: Dans ce disque, outre les volets du paradis (Heaven) et de la terre (Earth), on retrouve un compagnon supplémentaire : The Choice. Un album caché dans la version vinyle, dont on peut passer à côté si on ne sait pas qu'on a entre les mains 5 vinyles au lieu de 4 ! Tout simplement parce que le petit dernier est dans la séparation de la pochette, qu'il faut découper pour le voir apparaitre. Un must pour les amateurs de galettes noires :-))