Depeche Mode - Violator (1990)

Publié par Christos sur 24 Février 2025, 10:39am

Dans les années 90, quand j’écoutais Violator des Depeche Mode je ne me rendais pas compte à quel point cet album était génial…sans doute parce qu’à l’époque mon cœur battait du côté rock/métal, il était loin de la pop électro et encore moins de l’electro ! Je ne me rendais à quel point cet album était essentiel, basique, structurant pour les générations de musiciens à venir en rendant l’électronique et les claviers incontournables pour les grandes formations.

Violator est né en 1990. Une année pivot qui a vu le soleil des 80s au couleurs punk, new wave, rock classique se coucher. Une année qui a ouvert ses portes au nouveau monde de la fusion, du grunge, du hip hop et surtout de l’electro sous ses différentes inclinaisons : House, Trip Hop, Techno, Big Beat, Breakbeat, Trance etc. Violator était la frontière perméable entre la pop et l’electro, entre l’electro et le rock, entre l’ombre et la lumière, la joie et la mélancolie, le rouge et le noir.

Les deux premiers singles de l’album ont largement contribué à son succès. Le premier « Personal Jesus » est devenu l’hymne de toute une génération. Repris des années plus tard par Johnny Cash ou Marylin Manson, il avait tout pour se classer au sommet des hits : le riff lumineux et glacial, le beat qui tapait comme un marteau, la structure générale très audacieuse et innovante, les excellentes paroles de ceux qui cherchent des sauveurs avec le pauvre Jesus qui tenait seul au milieu de rimes d’une simplicité et efficacité redoutable : prayers-who cares, receiver-believer, unknown-alone, deliver-forgiver etc

Le deuxième pilier de Violator était « Enjoy the Silence ». Au début c'était une ballade lente et mélancolique dont les producteurs Alan Gregorie et Flood ont eu l’idée géniale d’accélérer le tempo pour lui donner la forme addictive qu’on connait et faire le hit No1 des Depeche Mode. Je me suis souvent posé la question qu’est ce qui donnait son côté magique…était-ce la simplicité des phrases, l’économie des mots et des notes, la mélodie,le refrain et son « worlds are very unnecessary » ou alors les images du clip de ce roi solitaire qui se ballade avec sa chaise longue pour contempler des paysages naturels et finir sur une montagne enneigée ?

Mais il n’y a pas que ces deux morceaux dans l’album noir à la rose rouge et blanche et au titre choquant. L’excellent single « World in my eyes » ouvre le bal pour célébrer l’amour et la sensualité. Le duet vocal inhabituel « Waiting for the night » entre Martin Gore et Dave Gahan accompagné de claviers éthérés à la Tangerine Dream, le « Policy of truth » dansant et groovy, la fin « Clean » avec ses arrangements hypnotiques etc…Sans oublier les enchainements des neuf chansons qui clôturaient le présent pour introduire le futur dans une fluidité incroyable faisant de Violator un ensemble uni(que) qui s'écoute d'une traite.

Violator venait après l’excellent Music for The Masses qui a propulsé le groupe dans la cour des très grands pour enfoncer le clou en créant une depechemania mondiale. C’était l’œuvre de Martin Gore, le principal songwriter du groupe, clavieriste, guitariste et chanteur occasionnel. Le petit blond qui avait laissé à la lumière son beau chanteur brun pour tirer à l’ombre les ficelles. Comme tout guitariste qui se respecte il aurait voulu – j’en suis sûr – introduire davantage de riffs et de rock dans la musique de DM mais heureusement il s’est abstenu. Il est resté fidèle au principe fondateur du groupe que ses membres ont toujours respecté et qui a fait toute son originalité et beauté : Un groupe d’electro utilisant des guitares rock … et pas un groupe de rock utilisant des claviers electro.

Robert Plant - Fate of Nations / Dreamland

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