Le premier album des Communards était bien plus que Don’t Leave Me This Way, le morceau d’ouverture qui est devenu un tube planétaire et une chanson culte des dancefloors. Il y avait une originalité et une richesse musicale inouïe dans leurs chansons : du cabaret, du jazz, de la synth pop, du gospel, de la mélancolie mêlée à de la joie sortait du piano de Richard Coles et de la voix de contralto de Jimmy Summerville pour nous émouvoir.
Mais il y avait également une autre facette, plus intéressante. C’était un album militant, un coup de poing porté sur la tête de Thatcher - la dame de fer qui a ouvert la boîte de Pandore du capitalisme – et la société anglaise.
Jimmy avait compris que la musique devait être un vecteur politique et ne pouvant pas supporter les brutalités de l’Angleterre thatchérienne, il est parti de son groupe (pourtant populaire) Bronski Beat pour donner naissance aux Communards.
Ils étaient fortement inspirés par la Commune de Paris – un moment unique dans l’histoire de la liberté populaire – et du communisme de Marx et de Lénine. Il suffit de regarder la lettre R de leur nom à l’envers (sortie de l’alphabet cyrillique), leur logo avec les deux gays (très URSS friendly), le rouge et noir dominants de la pochette (indicateurs de passion et de révolution) et surtout les paroles…
L’amour homosexuel et les droits des gays étaient au centre du débat avec Forbidden Love, You are my world, La Dolarosa ou Lover Man. A l’époque les gays étaient très mal acceptés et le sida avait empiré leur statut. C’étaient des pestiférés qui devaient se cacher pour s’embrasser ou éviter de croiser le chemin des skins. Les Communards non seulement ne se sont pas tus mais ont accepté d’être des portes drapeaux du mouvement de libération.
Reprise, Disenchanted et Breadline Britain (face B de You are my world) parlaient de vies qui allaient de pire en pire, de rêves brisés et d’ouvriers sacrifiés sur l’autel capitaliste. When the walls come tumbling down (face B de So cold the night) dédicacé à Nelson Mandela et Judgement Day parlaient de liberté, de l’injustice de l’Apartheid et du combat que les noirs devaient gagner.
Communards est tout simplement un cri de liberté, un exemple à suivre par tous les jeunes qui ont la quasi-obligation de contester l’establishment, d'apporter du sang neuf à la société, de rêver les yeux ouverts et les poings fermés à un monde meilleur.