J’ai longtemps dénigré les monos. Je ne voyais pas d’intérêt, je ne comprenais pourquoi les fans des Beatles, de Miles Davis, de Bob Dylan, des Pink Floyd et Beach Boys les chérissaient et les recherchaient comme des vieux fous. Depuis ma naissance mes oreilles baignaient dans le stereo, c’était devenu ma norme.
Avec l’âge j’ai compris que les normes, les frontières qu’on s’impose dans notre cerveau, étaient faites pour être dépassées. Les portes de la perception sont faites pour être ouvertes à de nouveaux horizons, qu’on soit fan des Doors, de Huxley ou pas.
L’origine grecque du terme mono nous met sur la voie. Seul. Pour l’apprécier il faut une seule enceinte, pas deux ! Il faut basculer la balance côté droit ou gauche. Peu importe où on est assis, le son nous arrive en pleine figure, on ne peut pas se cacher, on capte tous les détails ! Il n’y a rien de plus qui sort côté gauche ou droit, on a juste une image sans distractions. La même partout.
Certains transposent la comparaison mono/stereo à celle des films en noir & blanc et couleur. A tort. Le son mono n’est pas moins « coloré » que le son stereo…au contraire !! Il est DIFFERENT. Par construction.
Il est brut, sans manipulations. Il ne nous "trompe" pas comme le son stereo pour nous donner une impression de volume.
Il est plus simple pour l’enregistrement et la prod. Les producteurs du son n’ont pas besoin de se prendre la tête avec les questions de fréquences, de timing, de réverbération du mode stereo. Tous les micros convergent vers une sortie (ou un micro pour tous).
Il est plus équilibré et ne dépend pas de la position de l’auditeur comme certaines mauvaises salles de concert ! On n’a pas besoin de former un triangle équilatéral avec les enceintes ou mettre un casque pour avoir le meilleur rendu…On se place où on veut.
Il est le plus proche de ce qui est réellement joué et entendu par les musiciens. Il est plus live, dans le sens de l’enregistrement live. Pas celui des concerts mais celui où tout le groupe joue en même temps au studio. Comme dans l’ancien temps (jusque dans les 60s) où les groupes enregistraient en live leurs albums. Comme il se doit. Ensemble et pas séparés, pour être et sonner plus fort.
Stereo ou Mono alors ?
On ne peut pas à priori faire un choix facile et préférer systématiquement l’un ou l’autre. L'un a des qualités que l'autre n'a pas et vice-versa. Ce n’est pas aussi facile que la question du MP3 Vs CD, CD Vs Vinyl, Picture LP VS LP normal, ou source analogique VS digitale. Certains albums et morceaux prennent toute leur ampleur en stereo, d’autres en mono. Pour les fans d’un groupe dont les enregistrements initiaux étaient en mono, la case mono en vinyle est obligée. Pour des albums remasterisés en stereo, le rendu peut être meilleur que la version originale en mono (ou pas). Tout dépend du pressage (année, méthode de mastering…) et de son origine (les japonais par exemple ont toujours été un gage de qualité).
A mon avis il faut faire un test, goûter sur une même platine les deux versions pour se faire sa propre opinion. Ou alors demander conseil à un vieux disquaire ou regarder les sites spécialisés du type discogs qui répertorient toutes les versions. Plus il y a de commentaires positifs, plus le prix moyen est élevé, plus le ratio demandes/offres est élevé, plus le Mono a des chances d’être un très bon cru…