Il était fou mais la folie n’est pas forcement mauvaise…surtout dans la musique et les arts en général ! Je ne suis pas Erasmus pour faire l’éloge de la folie mais il est indéniable que la musique progresse à coups de folie. Il faut être fou pour monter un groupe et croire qu’on va conquérir le monde, fou pour fusionner différents styles de musique, fou pour détruire sa guitare sur scène, fou pour se consacrer à la musique non ?
Au début des 60s Phil Spector était considéré comme un dieu. Il était une machine à tubes avec un son très reconnaissable, il était cool, incontournable, il incarnait la musique de la jeunesse américaine juste après les début du rock et avant l’invasion britannique. Entre 1959 et 1964. Avec du recul on peut dire qu’il y avait beaucoup de miel et de naïveté dans ses chansons ce qui a en grande partie précipité sa perte artistique, son plongeon dans les abîmes du « has been ». Il a été complétement dépassé par les vrais groupes de rock - et pas ceux qu’il créait de toute pièce à partir de belles gueules et voix.
Mais il avait un immense mérite. Il a été parmi les pionniers magiciens de studio. Il a inspiré le travail des Beatles, Beach Boys, Pink Floyd, Queen et autres stakhanovistes du studio. Il a montré la voix du perfectionnisme : Qu’il ne suffit pas d’avoir une bonne mélodie et une bonne orchestration. Qu’il faut passer du temps derrière la console de prod, se pencher sur chaque détail sonore, trouver des astuces pour sublimer les notes (comme son coup de la double batterie).
Je ne vais pas parler ni retenir les anecdotes scabreuses de sa vie, sa bipolarité ou son séjour en prison. La vie privée des artistes ne m’a jamais intéressée, juste leurs œuvres. Pour moi Phil était un petit gars né au Bronx, parti à Los Angeles pour construire sa vie. Son premier tube (To know him is to love him) avec son groupe vocal d’ados – les Teddy Bears – était inspirée de l’épitaphe de la tombe de son papa. Phil a contracté très tôt le virus du studio. Il a gravé son nom à côté de chansons immortelles (Be my baby des Ronettes, Unchained Melody des Righteous Brothers, Da Doo Ron Ron des Chrystals, Spanish Harlem de Ben E.King, Deep River Mountain High de Tina Turner etc). Il a produit dans les années 70 des albums mythiques : Let It Be, le dernier des Beatles, All things must pass de George Harrisson, Imagine de John Lennon, End of the Century des Ramones, Death of a ladies man de Leonard Cohen…
RIP Phil Spector et vive la folie !