Toutes les bonnes fées musicales étaient placées autour du berceau de Michael Kiwanuka, pas de doute là-dessus ! Une pour lui faire don de la soul, une deuxième pour le rock et une troisième pour le folk. Le londonien d’origine ougandaise est un des musiciens/compositeurs les plus doués de cette génération. Depuis ses débuts, avec sa guitare comme fidèle compagnon, il est à l’origine d’un courant nouveau. Il navigue entre la soul et le rock/folk, sa musique est caractérisée par sa voix douce, légèrement éraillée et sa guitare (électrique ou acoustique).
Kiwanuka est son troisième et dernier album. Le jeune homme, qui avait démarré sa carrière avec l’excellent Home Again et l’immense Love and Hate, a grandi. Cela se voit sur la pochette de l’album où on retrouve son portait barbu avec un déguisement kitch de roi africain. Plus intime, apaisé et profond que les deux premiers, les instruments maîtres sont la voix, la guitare mais également le piano. La section rythmique n’est jamais très loin pour nous rappeler que le groove est dans l’ADN de la soul. (Et du producteur de l’album, Danger Mouse !) Les morceaux naviguent entre la joie et la mélancolie, les tempos sont tantôt rapides tantôt lents, toujours dans le registre de prédilection de la soul : l’amour.
Depuis les 60s, la soul et le rock ont subi le racisme des pays occidentaux. Les musiciens et auditeurs étaient majoritairement noirs d’un côté, blancs de l’autre. Malheureusement la ségrégation a tenu longtemps. Michael Kiwanuka avec sa fusion propose un pont supplémentaire pour faire sauter cet apriori stupide. La musique n’est pas une affaire de races mais d’êtres humains !
La voix et la guitare sont ses armes pour ce combat noble. La première reste la même, puissante, spirituelle. La deuxième est beaucoup plus versatile : Il y a du David Gilmour, du Jack Johnson, du Eric Bibb, du Tim Bukley ou Bob Dylan dans ses cordes. Mais c’est un son qui lui est propre, qu’il a creusé depuis 2011. L’année de sa première apparition à la BBC, aux Saturday Sessions de Dermot O’Leary, avec sa reprise acoustique de No Surprises de Radiohead…Un merveilleux présage de l’avenir brillant de cet homme.
PS : Pour une fois, je trouve que la version fichier ou CD de l’album est plus intéressante que la version vinyle: Elle s’écoute d’une traite car les enchaînements des morceaux sont continus. Cependant la version vinyle a l’avantage d’offrir 4 faces homogènes avec un regroupement logique selon le genre dominant, soul ou rock.