La beauté va souvent de pair avec la simplicité. Une chanson dépourvue d'orchestrations et de ses instruments habituels, peut être plus belle que la version "habillée". C'est surement vrai pour les sons qu'on aime, un être aimé (au sens amoureux) n'est il pas plus beau nu qu'habillé ?
Le blues est le genre idéal pour exprimer cette idée de simplicité. Pas besoin d'amplificateurs, de percussions, de basse et de guitares électriques. Une guitare sèche et une belle voix suffisent pour chanter les plus beaux blues. On met la technologie de côté et on se rapproche du son original, des racines... On pourrait même pousser le bouchon encore plus loin, comme Jack White, en disant que sa chanson préférée était un blues vocal où l’interprète chantait et tapait juste ses mains par moments.
The Country Blues, le premier album de John Lee Hooker, est d'une simplicité déconcertante : Un homme de quarante ans et sa guitare enregistre ses chansons en 1959. Celles qui ont été transmises par son père et son grand-père, celles qu'il a écrites en s'appuyant sur la tradition noire du Mississippi. Qui puise ses sources quelque part dans le berceau de l'humanité, en Afrique.
Malheureusement pour les apprentis guitaristes la simplicité est apparente, les accords de blues sont loin d'être évidents. Et puis surtout, pour chanter le blues, il faut avoir le "feeling". La flamme qui brûle au plus profond de nous. John Lee chante ses propres expériences, amoureuses, de vie. Les paroles le racontent et il nous les raconte en chantant avec ses tripes, son cœur, son âme.
Et ainsi sa flamme intérieure s'extériorise et émeut avec son intensité ceux qui font tourner ce disque.