Lorsqu'un musicien/compositeur commence à écrire son œuvre, il doit dès le début répondre à une question cruciale : Avec ou sans voix ? L'ascension se fera avec ou sans cordes vocales, en mode instrumental ou en mode mixte ?
D'un côté on a la voix qui parle plus aux oreilles. Elle a tendance à occuper plus de place dans un morceau, à masquer les éventuels défauts des instruments, à faire diversion avec les paroles, à attirer davantage nos oreilles comme un chanteur le fait sur sa scène. De l'autre on a la voie instrumentale qui est périlleuse et risquée, vu qu'elle demande un plus grand effort au niveau des idées, des mélodies, de la composition et de l'orchestration. C'est la voie royale pour le classique, le jazz, l'electro et les musiques de film.
Fred Pallem et son Sacre du Tympan - son orchestre - est dans l'instrumental, dans le genre musique de film ... sans film ! Ou si vous préférez musique pour films imaginaires. Une catégorie très particulière où le son se pose en arrière-plan et pousse en avant notre imaginaire. Il ne s'agit pas d'une musique instrumentale banale, son impact émotionnel est plus important et surtout il y a un côté cinématographique : Des scènes qui s'enchaînent, des sons et bruitages qui jonglent avec une multitude de sentiments et nous font voir de toutes les couleurs. Chaque morceau raconte une histoire et on est embarqué au cœur de celle-ci.
L'Odyssée de Fred Pallem est d'une richesse extraordinaire. Le classique, le jazz, la pop, le funk se croisent pour le sacre de nos tympans. Cette odyssée n'est pas semée d'obstacles, d’angoisses et de monstres comme celle d'Ulysse mais remplie de couleurs, d'énergie et de fantaisie. Les Chants sont tout aussi esthétiques, fluides, cohérents dans leur enchainement. Les cuivres, les instruments à cordes classiques et rock se relaient et dessinent des tableaux majestueux, mystérieux, anxieux, joyeux. Chaque note, chaque phrase est taillée sur mesure pour chaque instrument et l'ensemble est d'une beauté qui nous laisse sans voix. L'expérience, l’éclectisme et le génie du chef d'orchestre se font sentir dans les moindres recoins.
Bref, si vous aimez les musiques de film, le jazz facile d'accès (easy-listening) ou la blaxploitation, embarquez-vous dans l'Odyssée de Fred Pallem. Il n'y a aucun risque de vous perdre. Seulement dans votre imagination.