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Décidemment, les programmateurs des concerts de la fête des vendanges à Suresnes aiment les groupes grecs. J'avais vu Locomondo il y a 5 ans, cette année au tour de Imam Baildi de se produire et clore la fête…
Leur nom annonce quelque-part leur musique. On n'est pas dans la dérision religieuse avec le nom d'un guide spirituel. Imam Baildi est à vrai dire une ratatouille, un plat turc très populaire en Grèce, un mélange à base d'aubergines, de tomates et d'oignons! La musique de ce groupe est aussi un mélange de sons et rythmes, une vision du passé à travers le présent : En effet, la base de leur son vient des vieilles chansons grecques des années '40 à 60 qui sont reprises et sonnent comme une musique du monde contemporaine, urbaine, multidirectionnelle.
On a du hip hop, du reggae, de l'électro, des cuivres balkaniques, du rock et du folklore grec. Contrairement à ce que certains puristes pourraient croire, il ne s'agit pas d'une salade (grecque), un fourre-tout où on essaie de toucher à un large public en faisant tout et n'importe quoi. On est dans une forme d'art très atypique, où les orchestrations, le mixage et les dialogues des instruments sont organisées de façon très intelligente et structurée.
En une heure et demie, ils ont chauffé les membres inférieurs des spectateurs et le cœur de quelques grecs - sans doute plus familiers aux sons d'Imam Baildi -. Malgré la froideur automnale et la faible densité du public - la fête des Vendanges est un évènement annuel très populaire à Surenses et ses villes voisines mais malheureusement peu médiatisé et connu du public parisien - !
Tous les membres de la compagnie étaient parfaits! Les deux vocalistes se complétaient très bien. MC Yinka d'un côté montrait la voie en nous apprenant des pas de danse, des figures et des mots grecs. De l'autre, Rena, la seule fille du groupe, incarnait la beauté du groupe. Les trois hommes à la guitare électrique, au bouzouki et au saxo/clarinette menaient leurs instruments avec une virtuosité à rendre jaloux tous les musiciens en herbe. Et enfin les deux frères, aux percussions et à la basse ou derrière la console, les deux créateurs et têtes pensantes du groupe, donnaient le tempo, le rythme et les samples.
Vassilis Tsitsanis, un des deux piliers du rebetiko (l'autre étant le patriarche Markos Vamvakaris), celui qui a mis des couleurs et écrit les plus belles partitions de cette musique, aurait été fier de cette bande de jeunes. Fier de leur reprise de "Akrogialies, dilina". Fier de leur sens du rythme, de leur vision, de leurs idées, de leur succès grandissant, de leur son athénien véhiculé depuis plus de dix ans dans un contexte de crise particulièrement difficile.
Longue vie à Imam Baildi !
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