« Chez nous Occidentaux, la terre nous appartient. On met du barbelé et on dit ça c’est à moi. Pour les Indiens d’Amérique, c’est une ineptie totale : c’est nous qui appartenons à la terre ̶ On est absolument irréconciliables. En 500 ans de colonisation, ces peuples ont beaucoup souffert. Quand je vois une population opprimée qui a tant de choses à nous apprendre, c’est comme si on tuait une part de nous-mêmes. Un chef sioux, au soir de sa vie, a dit : « Nous ne savions pas mentir, nous n’étions pas civilisés. » J’adore. Le mensonge pour eux, c’est le déshonneur total. Imagine si nos sociétés occidentales pouvaient assimiler un tant soit peu ce message, ça changerait pas mal de trucs. Imagine un Cahuzac chez les Sioux : il serait banni à vie ! » (01)
C’est en récupérant les mots de Caryl Férey (Merci à Lui), que je vais pouvoir introduire et annoncer l’objet de cet article. Vous l’aviez deviné, je vais écrire sur un ou une artiste amérindien.ne. Non, Non, détrompez-vous ; il ne s’agit pas de John Trudell (Magique) ou de la grande Buffy Sainte-Marie (Incontournable). Non, je vais parler de leur petite sœur, Pura Fé. Une petite nana au talent immense. Elle accompagne sa voix d’une guitare de type lap steel comme une weissenborn. Elle chante le blues d’Amérique en y intégrant des touches Indiennes, tantôt en Anglais tantôt en Tuscarora. Les sujets qu’elle aborde sont ceux qui me la font aimer davantage. La Terre-mère est toujours présente dans ses chansons, sans cesse menacée, agressée comme l’ont été jadis les Indiens d’Amériques (hein quoi ? c’est toujours le cas ! Ah bon ?). Juxtaposant la douleur et la douceur, cette artiste m’a pris par le cœur. J’en suis tombé amoureux. Waka Tanka en est témoin.
Son dernier album (Sacred Seed) démarre avec un morceau aux influences indiennes indéniables. Mohomeneh (c’est son titre) te prend par la main et t’emmène à un pow-wow bluesy. Elle enchaine ensuite avec un second titre Sacred Seed ; et là, t’as tout compris… qu’attendons-nous pour sacraliser la Vie et arrêter de semer la mort sur tous les continents et océans. Je ne vais pas m’attarder sur les 11 morceaux de l’album. Je vais terminer en citant, je ne sais plus quel grand chef d’une grande nation indienne : « Quand le dernier arbre aura été abattu, quand la dernière rivière aura été empoisonnée, quand le dernier poisson aura été pêché, alors on saura que l’argent ne se mange pas. »
(01) Propos de Caryl Férey interviewé par Sébastien Navarro ̶ CQFD n°141 (Mars 2016)