La Llorona – la pleureuse – est une légende mexicaine qui date du temps des aztèques. Il existe des centaines de variations de ce compte mais le thème principal reste le même : la mort prématurée d’une femme après une série d’événements tragiques et les lamentations mystérieuses qu’on attribue à son fantôme.
Lhasa de Sela, une artiste américano-mexicaine « adoptée » par le Canada et la France, nous a livré en 1998 sa propre version de cette légende via son premier album. On est avec sa Llorona dans une fusion latine, sud-américaine et européenne. On retrouve un peu de flamenco, de chanson française, de musique gitane, de klezmer et de folk américain.
La mélancolie et le romantisme dominent avec quelques intermèdes plus gais. Les chansons sont construites autour de la voix plaintive et fière de la chanteuse et de la guitare classique d’Yves Desrosiers qui a co-écrit et produit l’album. Les textes espagnols traitent évidemment de l’amour et de la mort, le yin et le yang d’une relation amoureuse passionnée et souvent impossible. Les illustrations, des autoportraits et des dessins, viennent de la main de Lhasa. On est face à un chef d’œuvre complet, aux frontières de la poésie, la peinture et la musique. Et au sein de la musique on est aux frontières de genres ethniques…sur un sommet !
Depuis le jour de sa mort tragique, le jour de l’an 2010, cet album a pris une dimension supplémentaire. L’artiste a complétement fusionné avec son œuvre, Lhasa est devenue La Llorona. Cette femme à la voix merveilleuse est devenue un mythe, une sirène qui murmure aux hommes à quel point la vie est injuste…