Je vais faire - comme il m’arrive souvent - l’avocat du diable … Prendre la défense et couvrir de louanges une des diableries des Rolling Stones, Their Satanic Majesties Request. Un des enfants pauvres de leur discographie, mal considéré de ses parents – Mick Jagger disait que c’était n’importe quoi – sous-estimé des fans et peu connu du grand public.
Their Satanic Majesties Request sorti en 1967 faisait partie des premiers albums du rock psychédélique. C’était la réponse des Stones au virage psyché de leurs concurrents directs, les Beatles. Malheureusement selon les critiques cette réponse n’arrivait pas à la cheville de Sgt Pepper soit par manque de génie, soit par excès de drogues … Il n’y avait aucun single issu de l’album, aucun hit (sauf le délicieux « She’s a Rainbow ») et plein de bruitages, de cœurs chélous, de sifflements, de ronflements etc. Bref il y avait de quoi dérouter les rochets qui roulaient à toute allure vers la gloire…
Pourtant le Majesties Request avait très bien marché : No 1 des charts en France et en Australie, No 2 aux Etats-Unis, No3 au Royaume-Uni. Et avec les années il est petit à petit devenu culte. Pourquoi ?
Primo. Parce qu’il contenait tout le génie de Brian Jones, au sommet de sa créativité avant de sombrer dans les drogues et de mourir deux ans plus tard à 27 ans. L’homme qui a été source d’inspiration de tant de musiciens et de groupes … { dont un groupe californien qui s’appelle Brian Jonestown Massacre qui ont sorti en 1996 le magnifique « Their Satanic Majesties Second Request » ! }
Deuxio. Parce que c’était un album des Stones sans être du Stones. C’était une parenthèse dans leur fil de création, un nuage sorti de nulle part, inattendu. Une démonstration de leur grandeur artistique et de leur talent. Un coup de pied au cul des labels traditionnels qui veulent enfermer leurs artistes dans des cages. Un coup de génie que souvent de très grands produisent, un diamant caché et controversé qui se révèle avec les années (cf Hot Space des Queen, Low de David Bowie, In Through the out door des Led Zep…)
Tertio. Parce qu’il avait une des pochettes les plus belles des 60s. Lenticulaire, avec cette impression de relief qui l’accompagne ! En couverture on retrouve les 5 membres déguisés au milieu d’un tas d’objets (dont les 4 têtes des beatles 😊) et de décors féeriques puis encadrés d’un fond bleu de nuages (ou de fumées hallucinogènes). Et à l’intérieur de la pochette ouvrante un labyrinthe et un patchwork de peintures classiques et modernes…
Quatro. Parce que c’est du grand art (et pas du grand n’importe quoi comme avec dit Mick Jagger dont le diable a toujours été l’argent … en opposition à l’art de Brian Jones).
Et comme toute grande œuvre on prend le temps de l’écouter, du début jusqu’à la fin. En changeant de face une seule fois, pour switcher de la front side à la back side. Comme l’auraient voulu Brian, Keith, Mick, Charlie, Bill. Loin des interférences, loin des playlists sans fin dont on consomme les morceaux comme des vulgaires vidéos de réseaux sur le pouce.