La fête des amoureux est proche. C’est moche de la part de quelqu’un qui ne croit pas à la Saint Valentin de dire ça mais j’ai devant moi une couleur qui me fait penser à elle. Une couleur aveuglante, pétante, injustement associée aux filles. Le rose.
Rose est sa couverture, rose est le vinyle qu’elle porte, rose est la fourrure de Wayne Coyne, le chanteur, à la photo de famille. Il y a du rose dans son petit nom complètement loufoque. Lorsque je l’ai écouté en 2002 je voyais la vie en rose. Je suis tombé amoureux d’elle. Elle s’appelait Yoshimi. Son nom complet était Yoshimi Battles The Pink Robots. Et ses papas étaient les Flaming Lips.
J’étais obsédé du groove de Yoshimi battles the pink robots part 1, des echos de Summertime, de Fight Test et de Ego Tripping at the gates of Hell (un titre très flaming lipsien),. J’étais comme un serpent hypnotisé qui sortait à chaque fois de sa cage pour kiffer davantage ses sons electro, ses rythmes hip-hop, ses guitares acoustiques et électriques. Je me posais régulièrement pour écouter les chansons/questions Are you a Hypnotist ?? et Do you realize ?? Il y avait un double point d’interrogation pour me marquer davantage et me demander si je réalisais à quel point cet album allait prendre de la place dans mon espace…Do you realize ??
Je ne réalisais pas que cet album allait s’imprimer dans mon inconscient au fil du temps et vieillir comme une bouteille millésimée.
Je ne réalisais pas que la lutte des robots contre les humains allait prendre de l’ampleur au fil des ans et me faire peur.
Je ne réalisais pas que les Lèvres Enflammées allaient incarner mon idéal musical : mutant, différent, psychédélique, mêlant humour et sérieux, débordant de créativité, de jeunesse, de concepts fabuleux.
Je ne réalisais pas que ce que j’écoutais était la partie émergée d’un iceberg qui allait apparaitre dans sa totalité devant moi à son vingtième anniversaire.
Les Flaming Lips ont toujours été différents. Ils n’allaient pas se contenter pour le vingtième anniversaire de leur plus beau bébé de sortir comme les autres une version remasterisée, ou « deluxe » incluant 2-3 faces B et inédits ou un live de l’époque. Ils ont sorti un coffret de 6 CD (!!!!!!) avec une cinquantaine d’inédits, de faces B, de demos, de versions alternatives, de reprises. C’est la fête, le carnaval, la parade du Mardi Gras de la Nouvelle Orleans, le feu d’artifice du premier janvier, Pâques pour les chrétiens et les fans J
Par quel CD, quel bout prendre ce box anniversaire ? Des innombrables faces B et inédits ? Des versions remixées, lentes, acoustiques de leurs tubes ? Des reprises de Lucifer Sam et Breathe des Pink Floyd, Seven Nation Army des Whites Stripes, Knives Out des Radiohead, Can’t get you out of my head de Kylie Minogue, Suspicious minds d’Elvis ? Des deux EP Fight Test et Ego Tripping ? Des deux live à Boston en 2002 et Londres en 2003 ? De l’hallucinante démo de 25 minutes Psychedelic Hypnotist Daydream ? De la chanson dédiée à Bob l’eponge (pour son film) et une autre à Jack White ?
Je ne sais pas. Difficile choix ! Ce qui est certain c’est que j’ai enfin réalisé que Yoshimi faisait partie de ces albums géniaux qui font leur apparition tous les 10 ans pour inventer d’angles nouveaux au paysage musical et rester immortels. Yoshimi peut - après les robots roses - s’attaquer aux monstres de fin de niveaux du jeu « pop-rock GOAT » : St Pepper, Dark Side of the Moon, OK Computer, A night at the Opera, Ziggy Stardust, Joshua Tree, Pet Sounds, Different Class, Odessey and Oracle, the Doors, Thriller etc