J’étais resté avec Iron Maiden à Fear of the Dark, le dernier album de la vierge de fer avec Bruce Dickinson avant qu’il parte pour son escapade solitaire en 1993. Je me rappelle avoir beaucoup fait tourner cet album avec mon frangin pendant mes années d’études dans notre studio. J’étais dans ma période métal et j’adorais tout ce qu’ils avaient fait précédemment : The number of the beast, Piece of mind, Powerslave, Seventh son of a seventh son (mon chouchou) etc. Cet amour s’est estompé avec le temps, j’étais resté insensible, voire déçu de leur suite discographique. Des nouveaux genres se sont ajoutés à mes goûts, le hard rock n’était plus prioritaire et puis je trouvais qu’ils avaient vieilli et se reposaient sur leurs acquis. Le retour de Bruce avec celui de l’ancien guitariste Adrian Smith (pour former un trio de guitares) dans les années 2000 était plus un acte commercial à mes yeux qu’une volonté de se régénérer.
A tort… Heureusement que leur dernier album, Senjutsu (l’art de la guerre) est venu bousculer mes pensées et m’obliger à les remettre dans mon cœur musical. Après cinq années d’absence, la bande de Steve Harris (le bassiste, compositeur principal et capitaine de Maiden) a enregistré à Surenses une œuvre monumentale. Pour me prouver – comme avait dit Bruce sur France Inter – qu’ils ne sont pas des dinosaures en squelette qu’on expose dans des musées mais qu’ils sont toujours en chair et qu’ils n’ont pas perdu leur agressivité et leur mordant !
Tous les ingrédients sont là qui ont fait leur gloire passée et feront leur immortalité : Eddie le mort-vivant, mascotte terrifiante et tête de proue du navire anglais. La voix divine de Bruce Dickinson, si caractéristique et noble, pour conter des histoires de guerre, de désolation, d’enfer, de mondes perdus, de futurs sombres et de gloire. La batterie géante de Nicko McBrain. La basse rauque et puissante de Steve Harris. Et les dialogues et solos hauts de gamme des trois guitaristes, Smith, Gers et Murray.
Avec l’âge la rhythmique du groupe s’est ralentie, les morceaux sont devenus plus longs et contemplatifs. C’est normal, quand on a la soixantaine bien sonnée on est moins dans la vitesse et plus dans l’endurance ! Mais il y a davantage d’espace (et de temps) pour les mélodies, les accords et la voix du conteur qui montent et qui descendent en offrant un spectre d’adrénaline et de sentiments très large.
Je regrette un peu de les avoir laissé toutes ses années reposer sur les étagères de ma discothèque, de ne pas avoir plutôt écouté les très bons Brave New World, Final Frontier ou Book of Souls… Mais bon, la vie continue et les vrais amours sont faits pour durer (ou passer et revenir). Up the irons !