★ Arcade Fire & Owen Pallett – Her Soundtrack (2013)
Pour ceux qui ont raté le film « Her », il s’agit d’une histoire amoureuse dans un futur pas si lointain où le héros (Joaquin Phoenix), un écrivain solitaire, achète un logiciel qui est censé s’adapter et répondre à tous les besoins de ses utilisateurs… et tombe amoureux de lui ! L’amour et la technologie, ce monstre qui nous isole et nous unit, se mêlent dans un conte surprenant ou la musique est la fée principale.
La bande originale de Her vient d’être rééditée pour le plus grand bonheur des fans d’Arcade Fire et Owen Pallett, un pianiste canadien. Elle est toute simple, aérienne, délicate, émouvante. C’est une force tranquille qui s’appuie sur les ivoires du piano et les touches des claviers. Une partie de la magie réside sur le fait qu’Arcade Fire ont créé une œuvre éloignée de leurs standards joyeux et dansants. Grâce à Her, le groupe canadien sort de sa case et sa zone de confort, du périmètre attendu par les fans, pour nous prouver son ouverture d’esprit et sa grandeur artistique.
★ Abaji – Blue Shaman (2021)
Blue Shaman est un disque qui est taillé sur mesure pour les amoureux de musiques du monde en général et des rencontres est-ouest en particulier. Abaji, un musicien nomade/globe-trotteur et polyglotte libanais d’origine arménienne, l’a enregistré à Glasgow avec deux invités : l’accordéoniste écossais Donald Shaw et le flutiste anglais Michael McGordrick. D’un côté du pont on retrouve la méditerranée orientale, de l’autre la tradition celte. Et le blues quelque-part au milieu pour cimenter cette union.
La virtuosité d’Abaji est stupéfiante. Son chant est noble, les cordes de ses guitares, son harmonica, sa flûte nous font vibrer au plus profond de notre âme. L’esprit de Bob Dylan de ses débuts folkloriques n’est pas loin. La fusion entre l’orient et l’occident est merveilleuse, surprenante, à l’image de son instrument bicéphale, moitié oud et moitié guitare. Le voyage qu’il nous offre vaut le détour !
Contento est un duo de colombiens expatriés en Europe qui se sont fixés un très bon objectif : transmettre leur joie et bonne humeur. Cela s’entend tout le long de leur premier album Lo Bueno Esta Aqui. Leur « salsapunk » est un mélange de sons nouveaux et de sons anciens comme de la cumbia, le boogaloo ou le bolero.
On n’est pas dans la haute-fidélité, plutôt son contraire la lo-fi. Le son est fait maison à partir de tout ce qui est tombé sous la main des deux musiciens : un piano, une basse, une guitare, des claviers, des instruments de percussion ou des drum machines. Malgré le côté home-made, le son est propre, intelligent, chaleureux…parfait pour danser (ou apprendre à danser) les musiques latino-américaines ou tout simplement faire le plein en energie positive !
★ Wendy Martinez – La chevauchée électrique (2021)
La chevauchée électrique est un EP très spécial. A l’image de sa créatrice, Wendy Martinez qui a creusé ses premiers sillons de pop française loin des courants principaux et de la frénésie des humains, chez elle en confinement. Son premier mini-album est comme un radeau qui résiste à notre temps. Qui évolue lentement alors que tout va si vite, qui fait de l’amour sa religion alors qu’on est tous muselés, qui manie la poésie et le psychédélisme avec beaucoup de finesse et qui s’inscrit dans les directions tracées par Gainsbourg, Brigitte Fontaine ou Bashung.
Le monde musical de Wendy est composé de claviers vintage, de mélodies douces et nonchalantes, de vocaux sensuels. Sa chevauchée électrique est un regard vers le passé via des images sorties d’une caméra super 8 qui nous fait beaucoup de bien (dans notre univers digital triste envahi d’écrans et de big datas). On est dans une vision surréaliste du futur par le passé, qui affirme sa différence en ouvrant des fenêtres lumineuses dans notre inexistence.