Jun Seba s’est retrouvé à 36 ans au mauvais moment au mauvais endroit: dans une maudite voiture sur une autoroute japonaise au centre de Tokyo le 26 Février 2010. Il fait partie de ses musiciens et compositeurs dont le fil de la vie s’est coupé brutalement dans un avion, un hélicoptère, une voiture écrasée ou sur un trottoir par une balle d’un fou. Il n’a pas provoqué sa mort comme ceux du club des 27, comme les jazzmen junkies des 50s-60s, comme les rappeurs victimes de règlements de comptes. Elle lui est tombée dessus comme à John Lennon, Eddie Cochran, Daniel Balavoine, Otis Redding, Sam Cooke, Marvin Gaye, Marc Bolan, Buddy Holly, Ronnie Van Zandt, XXXTentacion etc. Au sommet de sa gloire.
Sous le pseudonyme Nujabes – un anacyclique de son nom et prénom – le DJ japonais a créée à l’aube du XIXème siècle trois albums monumentaux aux frontières de l’électro, du hip hop et du jazz. Metaphorical Music en 2003, Modal Soul en 2005 et Spiritual State en 2011 (réalisé après sa mort). Il était le parrain d’un sous-genre du hip hop, le lofi (low fidelity) ou chillhop, caractérisé par des sons cools, moelleux, rêveurs.
Sa musique découle du cool jazz, ses morceaux cachent souvent des samples de la trompette de Miles Davis, du piano de Bill Evans ou de la flute de Yussef Lateef. C’est une excellente porte d’entrée dans le monde du jazz pour les adeptes de hip hop et de musiques électroniques ! Elle a un côté introverti, éclectique, rêveur assez représentatif – je pense – de son pays, le Japon. Elle emprunte les voies du hip hop naturellement, les voix de ses invités rappeurs (et rappeuses) se marient trop bien avec les voix des instruments à vent. Les percussions sont discrètes, subtiles. Les grooves sont addictifs, cristallins, lumineux, cinématographiques.
Bref, si vous voulez vous lever de bon bien, avoir un bon fond sonore hybride pour vous concentrer ou lire, commencer (ou finir) doucement une soirée, rien de mieux qu’un album de Nujabes !
RIP.