La saveur des principaux genres musicaux est systématiquement relevée lorsque des éléments ethniques s’ajoutent. Une voix dans une langue qu’on n’a pas l’habitude d’entendre, un instrument folklorique, une gamme, des accords et des rythmes locaux donnent une dimension plus exotique à nos genres préférés. Du pain béni pour les oreilles !
La musique brésilienne se résume à la bossanova et le mouvement de tropicalisme des 60s pour certains. C’est très réducteur pour un vaste territoire ouvert au brassage ethnique afro-americano-européen et une multitude de musiques locales. On ne va pas parler d’aboio, de cantoria, de milonga, de macumba ou de samba. On va parler de soul/funk brésilienne et de son parrain, Tim Maia…
La jeunesse de Sebastião Rodrigues Maia était chaotique. Né à Rio en 1942, il était le 18ème rejeton d’une longue fratrie de 19 enfants ! Le chant et la guitare était son truc. A 17 ans, avec 12$ en poche et aucune notion d’anglais, il part défier son destin aux Etats-Unis. A priori ce n’était pas le meilleur choix car en 1964 il est expulsé par le service d’immigration pour une sombre affaire de drogue et de voiture volée…
Mais voilà qu’il amène au Brésil, dans le peu de bagages qu’il a, le funk et la soul. En 1970 son premier album a ouvert une nouvelle voie à la musique brésilienne. C’était quelque chose de complétement nouveau ! A l’époque les jeunes cariocas étaient divisés musicalement entre le rock international ou les stars locales : Chico Buarque, Caetano Veloso, Gilberto Gil, Jorge Ben, Os Mutantes etc. Tim Maia a changé les règles du jeu en introduisant la musique noire américaine au paysage local. Il a fait le rapprochement entre le funk/soul et la musique populaire brésilienne. Il a créé la bande-son du mouvement noir de Rio et des afro-brésiliens.
Avec les années il est devenu culte. Comme Barry White, Isaac Hayes ou James Brown, ses idoles. Sa voix, ses paroles, ses chansons faisaient le bonheur des amoureux, des fêtards, des blancs et des noires, des riches et des pauvres. Sa consommation de LSD l’avait rendu mystique et psychédélique. Il croyait aux OVNI, il les cherchait. Il s’habillait en blanc et jouait avec des instruments blancs. Ca faisait partie de son personnage drôle. Il disait qu’il ne buvait pas, qu’il ne fumait pas, qu’il ne sniffait pas… avec un pétard à la main. 😊
Bref, si vous tombez sur un Tim Maia (la plupart de ses albums n’avaient pas de titre !) avec sa bonne bouille, prenez-le et faites le tourner. Ou encore mieux, un best of terrible sorti chez Luaka Bop en 2012, le 4ème de la série World Psychedelic Classics : « Nobody Can Live Forever – The Existential Soul of Tim Maia ».
Un concentré de ses plus grands succès de sa plus belle période – et la plus belle période de la musique moderne -, les années 70…