La bonne musique ne meurt jamais ! Elle peut être oubliée au fond d’un tiroir pendant de longues années, voire des décennies et resurgir à tout moment pour prendre la place qu’elle mérite. Sixto Rodriguez, Lee Fields, Charles Bradley, Sharon Jones, James Murphy des LCD Soundsystem en savent (ou en savaient) quelque-chose.
Les chansons de BT93 ont attendu une trentaine d’années avant de sortir du placard. A l’époque où elles ont été composées (entre 1989 et 1994), elles n’ont pas trouvé preneur. Aux oreilles « expertes » des labels contactées, les beats étaient trop vieux-jeux, le son vintage des synthés trop poussiéreux. La pop électro new wave n'avait pas sa place dans le paysage musical des 90s.
Et que dire des paroles ? A l’époque ressources inhumaines, salariés malmenés, patrons énarques parachutés, hiérarchies qui chient, souris déglinguées, RER pour la défonce…étaient des termes nouveaux qui ne parlaient pas aux gens. Normal ! C’étaient les débuts des abus et des dérives capitalistes, de l’aire informatique, de la fourmilière « La Défense » devenue trente ans plus tard le centre d’affaires le plus grand d’Europe.
Mais quelques DJ et des copains de BT93 se sont chargés de donner une deuxième vie à Bronx Generation, Références, La hiérarchie chie, RV avec les ressources inhumaines etc. Ils ont cru en elles, Ils les ont glissés sur les pistes de danse et petit à petit elles ont pris et sont devenues culte. Avec le retour à la mode des années 80 et le contexte actuel de remise en question du modèle socio-économique elles ont trouvé le parfait terreau pour pousser !
Aujourd’hui les mots prennent toute leur ampleur, les grooves de la hauteur. Les synthés Ensoniq, Korg, Yamaha, Roland nous parlent comme des vieux sages. On n’a qu’une seule envie, rencontrer BT93. L’homme anonyme qui dans les années 90 était un cadre désabusé. Qui fabriquait ses perles le soir rêvant de sortir de sa routine : Se débarrasser de son costume, sa cravate, partir loin des bureaux et des open-space pour créer sa propre société. Le rêve d’une grande partie des fourmis du secteur tertiaire…
Il parait qu’il y est arrivé. Il est devenu entrepreneur, il s’est réconcilié avec sa vie professionnelle. Il ne reste plus qu’à monter quelques dates de concert pour que le come-back soit total. 😉