Cépapaskon aimait recevoir, en pleine poire, des avalanches de riffs sortants de guitares velues et hurlantes ; c'est papaskon kiffait les sons discordants crachés par des sonos douteuses ; c'est pas paskon bichait sur les vrombissements des batteries nerveuses ; c'est pas parce qu'on écoutait sans discontinuité des types chantant leurs désillusions ou leurs colères ; ce n'est pas parce qu'on avait du venin dans les veines qu'on n'avait pas du sirop dans le cœur.
Aussi, pour ne pas effaroucher les belles qui nous plaisaient, plutôt que de leur faire écouter nos musiques d'Apaches, pour ne pas les voir s'enfuir à tire d'ailes, on édulcorait nos accords et nos rythmes – sans faire appel à un love me tender ou autre crooner (la ficelle aurait été trop grosse) – on se laissait attendrir par un Cat Stevens ou un Simon & Garfunkel. Pour ma part, il m'arrivait souvent de sortir l'album What we did on our holidays de Fairport Convention. J'aimais ce Folk européen qui n'avait rien à envier à celui qu'on trouvait aux States. Ce qui m'épatait dans ce disque, ce n'était pas l'influence de B. Dylan ou de J. Mitchell, ni le doux parfum psychédélique cher à cette époque, mais l'héritage local, celui qui traverse Brocéliande pour terminer sa course en Cornouailles – la caresse du Wind of Keltia*.
Trouver l'amour, grâce à Fairport Convention, était relativement aisé ; s'il advenait que je le perdisse, eh ben, la voix de Sandy Denny** était d'un réconfort hors pair.
Ce n'est pas parce qu'on chérissait follement la liberté brute qu'on ne se laissait pas enfermer dans des bras tendres et aimants.
* Titre emprunté à Alan Stivell
** Sandy Denny était la chanteuse du groupe Fairport Convention. Elle a participé à un super duo avec Robert Plant (n'hésitez pas à réécouter The battle of evermore)