Peaky Blinders est une excellente série TV diffusée depuis 2013 qui met en scène des personnages de la mafia de Birmingham dans l’entre-deux guerres. Un élément majeur de son succès est sa bande originale. On n’est pas du tout dans le swing-jazz-blues du début du siècle mais dans le rock des trente dernières années. L’effet anachronique du son sur les images est génial! Les chansons sont taillées sur mesure aux différentes séquences et personnages. Comme eux elles sont pour la plupart bâtardes: Ils ont dans leurs veines du sang manouche, irlandais, juif, italien, russe. Elles contiennent dans leur ADN des traces de punk, de gospel, de blues, d’électro, de folk, de métal.
La bande originale des cinq premières saisons est sortie en 2019. Le catalogue est impressionnant, par la longueur et le rayonnement des artistes présents. Aux côtés de Nick Cave qui se taille la part du lion avec Red Right Hand qui devient générique, on retrouve PJ Harvey, Jack White, Radiohead, Arctic Monkeys, Last Shadow Puppets, Foals, Queens of the Stone Age, Joy Division, Black Sabbath, Richard Hawley, Dan Auerbach, Idles. Les cracks que je viens de mentionner côtoient des jeunes loups moins connus. On découvre le folk de Laura Marling, le rock de Royal Blood, le punk des Savages, l’art pop d’Anna Calvi, le rock alternatif de la française Jehnny Beth.
Il y a même David Bowie... Pour la petite histoire, Bowie était un grand fan de la série. Il avait envoyé aux réalisateurs une copie de ★ (BlackStar) quelques mois avant sa sortie en émettant le souhait qu’une de ses dernières chansons figure dans la série. Qui aurait pu résister à cet appel ? Lazarus a été choisie et mise comme un gant à la scène de l'hôpital où le héros, Thomas Shelby, gravement blessé lutte pour sa résurrection physique et morale. Comme le créateur de Ziggy Stardust, cette bande est éclectique et esthétique. Profondement rock. Pleine d’énergie brute, de joie et de mystère. Elle est grandiose, noble, intemporelle.