Dans notre mémoire, certains albums sont intimement liés à un(une) ami(e). En général c’est celui qui a été l’initiateur de l’écoute ou la personne qui a cristallisé tous les sentiments et émotions de la première écoute. Je ne vais pas rentrer aujourd’hui dans la deuxième catégorie. La boîte de Pandore va rester tranquille ! Je vais parler de Franck et de Willy DeVille.
Franck était mon pote de première, on échangeait nos CD et souvent je me retrouvais chez lui pour entendre et découvrir Nirvana, Assassin, Guns’N’Roses, Queen, NTM, Public Enemy. Il y avait principalement du rap et du hard rock. Normal, à 16 ans le sang est bouillonnant, il a besoin de gros coups d’adrénaline ! Et un jour il y a eu une anomalie dans notre catalogue musical, il m’a ramené Backstreets of Desire.
De Willy DeVille. Un drôle de gars, tatoué, aux cheveux longs avec une moustache. Il nous faisait penser à notre prof de Maths – l’excellent Mr Vaubal, grand marathonien aux cheveux longs, à la moustache tournante et fan de Pink Floyd -. L’attraction de l’album était pour nous la reprise latino de Hey Joe, on l’avait bien usé. Et moi j’aimais beaucoup le tempo et les paroles de Even While I Sleep. Simples, directes, faciles à retenir. Ça s’arrêtait là à l’époque.
Avec le temps, je me suis plongé un nombre incalculable de fois dans cet album crée à la Nouvelle-Orléans. Au fil des années je me le suis approprié, la musique et la voix de Willy me pénétraient de plus en plus. Le fil directeur était le désir amoureux. Les paroles étaient là pour nous le rappeler à chaque coin de note : Nothing as heavy as an empty heart…Your love like time runs out on you and beats in time a drum. What's that you say, all in the name of love ? … you maybe far away, or just maybe down the street, I hear every sound that you make, every time that your heart beats, you’re living every dream I dream, you’re living every breath I breathe, you live even while I’m asleep..
Chaque morceau est un poème. On passe de l’obscurité à la lumière, du soleil au clair de lune. La voix rauque du crooner, sortie d’outre-tombe nous guide. On est embarqués dans une mer calme. Il n’y a pas de vagues, juste un peu de vent pour avancer et se sentir bien. La BO parfaite pour Frodon, Bilbo et Gandalf quittant la Terre du Milieu ! Le style latin-rock-bluesy ne pouvait pas mieux tomber pour cette ballade. Chaque chanson est un sommet, avec des instruments et une caractéristique qui la distingue des autres : La voix de sorcière dans Voodoo Charm, la rythmique et le doux refrain de Bamboo Road, l’accordéon de Even While I Sleep, l’ambiance inquiétante de Chemical Warfare, les mariachi de Hey Joe, les guitares classiques de I Call Your Name, les percussions entrainantes de Jump City etc
Et pour finir une deuxième version toute en fanfare de All In The Name Of Love. Pour enfoncer le clou et marteler une fois de plus que tout dans ce monde est fait au nom de l’amour...
RIP Willy DeVille (alias Mink De Ville).