Les virages de la guitare acoustique vers l’électronique nécessitent beaucoup d’audace, d’ouverture d’esprit et de talent. Ils sont réservés aux plus grands musiciens et donnent la plupart du temps naissance à des chefs d’œuvre. On peut citer dans un sens Bob Dylan qui en 1965 abandonna sa guitare classique pour électrifier son jeu et créer le sublime Highway 61 Revisited et dans l’autre sens Nirvana en 1994 avec son MTV Unplugged qui lança la mode des sets acoustiques.
Entre ces deux périodes, du côté brésilien un autre géant a entrepris ce type de virage. Il s’agissait de Jorge Ben, un des fondateurs de la bossa nova et de la soul-samba, avec son África Brasil. Une pièce maîtresse de son répertoire, méconnue du grand public.
Influencé musicalement par le funk de James Brown et de Sly and the Family Stone, la soul de la Motown, l’afrobeat de Fela Kuti et politiquement par le mouvement « Black Power » des 70s, il a décidé de mêler sa samba avec des grooves funk.
Africa Brasil comme son nom l’indique fait le lien entre les deux continents. Radicalement différent de ses prédécesseurs, il emploie des guitares et basses électriques et une section de cuivres pour mettre une couleur plus noire et funky dans son jeu. Mais le son, le style et la voix de Jorge Ben sont là, présents et clairement identifiables.
Et c’est ce qui crée toute la beauté de ce pilier de la world music. La séduction vocale, la sensualité des harmonies, les rythmiques enivrantes convergent pour nous faire voyager aux pays du soleil. Et surtout danser.