Istanbul, ville au mille visages, pleine de contrastes, séduisante, envoutante et parfois épouvantable Tour à tour, méprisante et humiliante vis-à-vis des minorités, sanguinaires dans ses répressions, meurtrière dans ses pogroms. Taksim a pleuré plus d’une fois, plus d’une fois été ensanglantée, plus d’une fois a donné envie de prendre l’Express de minuit. Bon ça c’est l’envers de la médaille ; allons voir de l’autre côté, c’est plus sympa. Sa Corne d’or et son Bosphore ne savent pas où donner de la tête tellement les joyaux architecturaux se dressent sur le sol de la ville ; ils sont en permanente admiration devant Galata, Aghia Sofia et la mosquée bleue. Porte de la route de la soie et de l’opium, Istanbul a su inspirer un paquet d’artistes et de génies qui ont réussi à la porter au firmament des cités de cette foutue planète.
Soit, y a pas que les pierres, les coupoles et les minarets ; d’autres arts comme la musique ne sont pas en reste. J’ai découvert, il y a peu, un groupe stanbouliote pas dégueulasse du tout. C’est par le biais de la pochette de leur album XX isolée dans un bac que j’ai pu faire la connaissance de ce groupe incroyable. On y voit la photo d’une femme nue, en fausse couleur, jouant du saz et portant un X sur le bout de chaque sein. Plutôt excitant n’est-ce-pas ? XX, ça veut dire vingt en romain, donc pour son vingtième anniversaire, ce groupe a pondu une compil résumant un petit peu sa carrière. L’album est un savant mélange de morceaux studio et live qui peuvent durer entre 47 secondes et quasiment 20 minutes. On y trouve des pépites de dub hypnotique, de rock « classique », des ballades, des titres qui t’accompagnent au-delà de l’Anatolie à travers les steppes où hénissent les chevaux, les cavaliers du lointain Orient sont proches. Sur chaque morceau figure une lourde empreinte psychedelique, et ça ce n’est pas pour me déplaire. Ils sont 3 musiciens à gravir autour du noyau dur OME et MLA. OME pour Osman Murat Ertel, MLA pour Mehmet Levent Akman. Le premier joue du saz électrique et chante, le second est machiniste/percussionniste. Melike Şahin donne de la voix sur différents titres, Özgür Çakırlar ajoute un peu de percu et Periklis Tsoukalas termine de compléter la fine équipe en jouant de l’oud électrique.
Ce qui il y a de bien dans cette compil, c’est qu’elle te donne envie de mettre la main sur les autres albums du groupe et surtout d’aller le voir sur scène. Au fait, j’ai oublié de mentionner son nom (désolé pour ce manque d’attention) : il s’agit de BABA ZULA.
Les hommes ont beau essayé d'endeuiller le ciel, les mouettes n'en font pas cas et continuent imperturbablement de flotter dans les airs. Allez viens frangin faisons comme elles, planons au dessus des coupoles aux sons harmonieusement déjantés de Baba Zula.