J'étais tombé nez-à-nez, voilà quelques années – enfin plutôt deux décennies trois heures et quarante-cinq minutes pour être précis – sur un album de Galliano; vous savez, cet accordéoniste de génie qui accompagnait entre-autres C. Nougaro et A. Leprest. Un artiste qui faisait des miracles avec son piano à bretelles quand il prenait place au milieu d'un jazz-band.
Bref, en scrutant de plus près la pochette, je ne devine pas la présence de Richard; quatre jeunes hommes sont installés dans un décor en bois qui pourrait très bien être un bouge ou mon salon.
Bigre, il est où Richard?
Qu'à cela ne tienne, je prends l'album et l'emporte immédiatement chez moi. Son titre: «In pursuit of the 13th note». C'est curieux, on entend toute sorte d'instruments de musique mais jamais d'accordéon!? C'est sûr, Richard ne fait pas partie de la troupe.
En fait, Galliano, c'est le nom du groupe, pauvre pomme! Un groupe anglais qui, malheureusement n'existe plus aujourd'hui. Un groupe né à la fin des années 80, qui appartenait comme Jamiroquai, au British Acid Jazz revival.
Galliano part à la poursuite d'une hypothétique treizième note comme si elle manquait à leurs 66 minutes de musique offertes à nos esgourdes. Les chants sont parlés, rappés, raggamuffinisés. L'excellente musique qui se glisse derrière, méchamment groovy et jazzy, crée une atmosphère chaude et sereine. De quoi s'enfoncer dans son fauteuil club, un verre à la main, les yeux cloués sur l'infini des brumes et volutes d'une cigarette, les pieds battant la mesure. Je suis d'un naturel contemplatif, il n'est pas nécessaire d'en faire des caisses pour me rendre zen, mais là, franchement, c't'album là peut laisser n'importe qui rêveur.
Dans le royaume du Cool, l'album de Galliano a toute sa place.