La fusion, le mélange de cultures et de genres est le futur de la musique et de l'humanité en général. Elle nous fait découvrir d'autres mondes, nous rend plus tolérants et nous élève à notre stature la plus importante, celle de l'être humain. Du côté musical tous les genres ou presque peuvent se croiser et donner naissance à des hybrides plus ou moins beaux. Mais la fusion la plus intéressante est celle qui revient à nos sources, qui mélange la tradition avec la modernité. Qui nous fait (re)decouvrir la musique de nos ancêtres par des passages bien connus.
Interzone est la rencontre de Serge Teyssot-Gay - guitariste de Noir Désir - avec Khaled Al Jaramani - un musicien syrien -, le mariage de la guitare électrique et de l'oud.
On était 300 dans la maison de la jeunesse de Saint Denis - les organisateurs n'avaient pas prévu autant de monde ! - assis par terre, medusés, scotchés par la beauté des notes. Le concert était comme une prière pour le peuple syrien, menée par deux anges.
L'un debout, pieds nus, sans arrêt en train de jongler entre sa guitare, ses mediators, son archet et les manettes & pedales à ses pieds. Avec une enorme maîtrise de son instrument, toujours en mouvement, prêt à bondir comme un danseur de capoeira.
L'autre assis, zen, tenant cet ancêtre de la guitare au manche "cassé", avec une voix chargée d'emotion qui portait en elle toute la douleur de ses compatriotes syriens et leur espoir de liberté et de paix.
Il y a déjà eu dans le passé musical des rencontres est-ouest.
Interzone n'ont pas la prétention d'être les meilleurs joueurs de leurs instuments et d'attirer les projecteurs médiatiques comme ce fut le cas de Yehudi Menuhin et Ravi Shankar dans les années 70, ou les projets de fusion all-stars de Miles Davis.
Ils restent discrets, entretiennent la flamme de leur mariage depuis 2004 à l'abri des projecteurs, et leur fusion se rapproche de la perfection sans se soucier du nombre de disques qu'ils vont vendre. Comme dans un couple amoureux qui est fait pour s'entendre et durer, qui se fait plaisir sans se soucier du "qu'en-dira-t-on".