Le rock psychédélique doit beaucoup aux Beatles et à la musique orientale. Le quatuor de Liverpool s'est enfermé dans les studios de 1965 à 1970 et à coups de génie, de séjours indiens et de drogues diverses il a esquissé le son psychédélique des 60s que les américains ont par la suite sublimé. Malheureusement ce genre a sombré dans l'oubli avec la fin des 60s et du flower power...
Cinquante ans plus tard, le rock psyché est de nouveau très actif : aux Etats-Unis (MGMT, Black Angels, Allah-Las), en Angleterre (Temples), en Suède (Goat), en Australie (Tame Impala). De ce dernier continent lointain et mystique, débarque un nouveau groupe d'extraterrestres: The King Gizzard and the Lizard Wizard. Ils sont sept, dont deux percussionnistes, deux guitaristes et deux bassistes. Le septète s'articule autour du génial guitariste et vocaliste Stu Mackenzie. La double section rythmique leur donne du volume, un peu comme le fameux mur du son monté par Phil Spector dans les 60s. Et sur ce mur, se posent les riffs de guitare, les voix et autres instruments. Ils ont été mis dans la case du rock psychédélique mais leur musique va au-delà de cette frontière.
Leurs albums sont en général articulés autour d'un concept qu'ils développent dans un genre particulier : Du jazz easy listening pour « Scetches of Brunswick », de l'acoustique dans « Papier Maché Dream Balloon », du punk garage avec narrateur pour décrire la fin du monde dans « Murder of the Universe »... Chaque œuvre a également son lot de surprises : « Nonagon infinity » est une suite de neuf morceaux qui peuvent se jouer à l'infini (avec des enchainements parfaits, le dernier pouvant s'enchainer avec le premier). « Quarters ! » était un EP avec quarte morceaux de 10min10 secondes chacun. Le petit dernier « Polygondwanaland » est distribué gratuitement avec l'incitation aux fans de créer leurs propres versions en vinyle, cassette, CD en proclamant que leur musique ne leur appartient pas ! « Flying Microtonal Banana » (mon chouchou) est enregistré avec des guitares accordées selon la méthode microtonale, cad des intervalles musicaux plus petits qu'un demi-ton, la plus petite unité des gammes occidentales. Résultat, un son très oriental dont nos oreilles sont peu habituées à entendre...
Bref, the King Gizzard and the Lizard Wizard est un groupe hors normes qui a toutes les chances de devenir culte. 2017 était une année très prolifique pour eux - ils ont sorti 5 albums (!!!) et fait pas mal de tournées -. L'année du cinquantenaire de 68, s'annonce extrêmement prometteuse pour ce groupe de magiciens. Leur vision, leur musique et leurs albums conceptuels sont surprenants, addictifs, révolutionnaires. Ils n’ont qu’une seule limite. Le ciel !