Bien choisir son nom est vital pour un groupe, il peut être un accélérateur de succès ou de faillite. Pas mal de jeunes musiciens l'ont hélas compris trop tard. Billy ,Mike et Roddy, originaires du terreau californien - très fertile en matière de production musicale - l'ont vite compris ! Ils ne pouvaient pas trouver un meilleur nom que Faith No More pour toucher les jeunes: Bref, facile à mémoriser (avec ou sans acronyme), porteur de révolte et de rupture, une vraie flèche prête à partir et graver la mémoire.
Leurs orientations musicales étaient tout aussi réussies. Les racines de l'arbre FNM étaient plutôt tournées vers le heavy metal et le hard rock - très populaire dans les années 80 -. Les éléments nutritifs venaient du monde (musical) entier : hip hop, funk, soul, jazz, rock, samba, bossanova, gospel, lounge. Le tronc, les branches et les feuilles de cette nouvelle plante dans la flore musicale ne ressemblait à aucune autre espèce connue. Il s'agissait d'un nouvel hybride de toute beauté dans la famille de la fusion !
Et que dire du casting ? La fine équipe a mis un peu de temps à se constituer, elle a vu défiler une quinzaine de musiciens mais à partir de "The Real Thing" les choses étaient claires du côté des instruments. Billy Gould à la basse rauque et funky, Mike Bordin à la batterie montée à l'envers et au jeu tribal, Roddy Bottum aux claviers et Jim Martin à la guitare. Mais sans la lumière éclatante de Mike Patton, cette plante n'aurait jamais pris de la hauteur. La sève du groupe étaient la voix et les textes et elles portaient la signature de cet artiste hors norme. Toute la force, la beauté du groupe résidait sur l'opposition de styles, l'alternance de chansons calmes et rapides, de violence et de douceur. Les envolées croonesques cohabitaient avec des hurlements, la bossa avec le punk, l'harmonica avec le megaphone, le velours avec le papier de verre. Le paradis et l'enfer n'ont jamais été aussi proches.
Derrière cette opposition de styles il y avait une opposition de caractères, d'affrontements permanents des membres. La famille FNM était loin d'être un long fleuve tranquille. L'identité du groupe était aussi forte que les cinq personnalités. Cette lutte était bénéfique dans un premier temps, elle leur a permis de pondre des albums exceptionnels en tirant le meilleur de chacun. Puis des failles ont commencé à apparaitre: le brillant Jim Martin est parti, Roddy était plongé dans la déprime depuis la mort de son père, la polyvalence et le côté explorateur du général Patton ne rentrait plus dans la cage de la bête.
En 1998 le rideau se referma après une tournée triomphale.
En 2009 les artistes étaient de retour sur scène, pour rallumer la flamme.
En 2015 l'ange est prêt de renaître de ses cendres, le septième album "Sol Invictus" viendra en Mai. Pour le plus grand bonheur des fans...Il était temps, 18 ans sans album de FNM est très long.
Le timing semble parfait ! En cette triste période d'obscurantisme, de fanatisme religieux et de tensions de toute sorte, il fat crier haut et fort:
FAITH NO MORE MOTHERFUCKERS !!