J’en ai rêvé depuis longtemps, DJ Shadow l’a fait !
Mon rêve était qu’un grand artiste de la scène musicale produise un album ayant comme thème notre ère pathétique. Celle des smartphones, des selfies, de l’aveuglement humain sur toutes les catastrophes qui l’entourent et l’amour du petit écran. De cette béquille du cerveau qui prend de plus en plus de place et pousse les humains vers la consommation à outrance, l’élection de fous furieux et incapables, l’abrutissement, l’inhumanité.
Our Pathetic Age est un très grand album. Par son côté militant – illustré par des peintures, photos et textes coup de poing - et son côté musical. L’electro et le hip-hop sont rois. La versatilité de DJ Shadow est dans toute sa splendeur, le son mute sans arrêt. Il est articulé en deux parties, une suite instrumentale et une vocale.
A la première, le DJ est seul derrière ses machines et tricote le son shadow comme il sait si bien le faire depuis Endtroducing, le premier album de l’histoire conçu à 100% de samples. On a des passages sombres qui évoquent le paysage actuel de destruction massive de la planète. Des passages expérimentaux rapides. Des passages plus doux et colorés annonciateurs d’un futur (lointain?) où la mère nature viendra réparer la folie des hommes.
A la deuxième partie, il n’est plus seul. Des guests sont venus l’épauler pour amplifier son cri d’alarme, lui donner davantage de poids en ajoutant des mots. Le fer de lance du hip hop. Nas, Pharoahe Monch, Wu-Tang Clan, De la Soul, Run The Jewels, Wiki, Gift of Gab, Lateef the Truth Speaker, Dave East, Stro etc amènent avec eux leurs différentes écoles et courants du hip hop pour se joindre à la révolte. Et poser leur signature sur une œuvre qui dépasse le cadre de la musique.
Our Pathetic Age est un manifeste, un témoin de notre époque. Indispensable pour celles et ceux qui croient, comme jadis Gil Scott-Heron - le prophète du hip hop - que la révolution ne sera pas télévisée… Pour révolutionner ce monde il faut tourner le dos aux écrans !