Les plus belles fusions musicales sont celles qui marient le folklore local avec un courant mainstream (jazz, soul, rock, hiphop etc). Comme chez les humains, ces mariages mixtes donnent naissance à des êtres bâtards (au sens noble du terme) dotés d'un ADN plus robuste que leurs cousins pur-sang. Ils créent des ponts, rapprochent des mondes a priori opposés et surtout régénèrent des genres essoufflés ou en voie de disparition.
Un parfait exemple de ce métissage est l'œuvre du guitariste turc Erkin Koray. Il a commencé à jouer au piano dès l'âge de 5 ans et autour de 15 il a découvert le rock'n'roll. Au début des années 60, dans son lycée, il donnait des concerts reprenant des tubes d'Elvis, Fats Domino ou Jerry Lee Lewis. A la fin des années 60, imprégné et inspiré des sons pop-rock du monde occidental, il décide de tracer son propre chemin, basé sur la tradition anatolienne de ses origines et incorporant des éléments psychédéliques et progressifs de l'occident.
Erkin Kopay ne se contentait pas de jouer du rock avec des paroles turques. Sa musique était beaucoup plus subtile. Il formait des arabesques, des variations des dabke - les danses de mariage arabes -, des rocks dansants avec des solos et des orchestrations géniales. Il prenait des instruments traditionnels, comme le baglama, et les électrisait en les branchant sur des amplificateurs.
Sa discographie est riche. Pour entrer dans son monde, la porte principale est "Elektronik Turkuler" son chef d'œuvre de 1974. Ou encore "Arap Saci", une très bonne compilation de Baba Erkin. Le papa du rock progressif turc. Toujours vivant et actif !