Elle s'appelait Colette, Colette Magny. Elle était chanteuse. Elle pouvait chanter le Blues en français d'une manière peu habituelle. Elle était engagée, à gauche. Elle avait de l'embonpoint et un bon grain de voix. Tout ce qui lui importait, c'était de chanter; c'était sa manière d'échanger avec les gens. Avec sa guitare en bandoulière, elle pouvait beugler sa colère ou nous enchanter.
Elle avait enregistré en 1970 un album carrément particulier aux allures expérimentales mêlant hurlements frisant l'hystérie, cris de folie, vocalises démentes sous une orchestration basique mais tout aussi déjantée. Elle y chantait l'Afrique, la négritude, le New Jersey, le rythme et le feu. «Feu et rythme», voilà comment s'intitulait son disque. C'était un OVNI dans le paysage de la chanson française. Bien évidemment, il n'a pas eu de succès commercial; mais de cela, Colette Magny s'en fichait royalement. Elle avait son public et ses convictions chevillées au corps – peu importe les
royalties. C'était une grande dame.
Un matin de juin 97, la radio annonçait son décès; j'ai pleuré.
Colette Magny - Feu et Rythme (1970)
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