Pourquoi aimons-nous la musique ? A cette question, plusieurs réponses peuvent être données. Volontiers, j’en donnerai une, aujourd’hui. Elle est, pour moi, un trait d’union entre vous et nous, un pont sur lequel on se croise et se rapproche. Qui n’a jamais rejoint une ronde, pris le bras ou la main d’un.e inconnu.e, sous les flonflons d’une fête? Elle est, pour moi, le ciment d’une tribu d’un clan. Elle nous scelle et nous lie, nous élève ; grâce à elle, les caractères contraires finissent par s’accorder. Tiens, à propos de clan ou de famille, j’aurai bien aimé jouer de la musique avec mes frères et sœurs, un peu à la manière des gypsies (pour ma part, c’eut ressemblé à un big band ou un philarmonique), ça nous aurait permis de nous voir plus souvent.
De nombreux groupes musicaux sont de véritables familles, des parents et enfants ensemble, des frères et sœurs ensemble. Les liens du sang en sont davantage resserrés. C’est sans doute le cas des Ogres de Barback qui jouent depuis plus de 20 ans et qui se connaissent depuis encore plus longtemps puisque les 4 frères et sœurs partagent le même papa et la même maman. Leur dernier opus est sorti il y a quelques semaines. Je me le suis dégoté légalement en l’achetant chez le marchand. Je l’ai écouté après l’avoir regardé. Eh ouais, il faut savoir que les albums des Ogres sont des bijoux picturaux et musicaux. Les couleurs et graphismes des pochettes sont à la hauteur du contenu; il y a autant de poésie dans les couvertures que dans les chansons. Comment décrire ce groupe ? Ben euh, c’est comme si on fusionnait Pierre Perret avec Renaud dans une fanfare circassienne ; et au-dessus du chapiteau, planent la moustache, la pipe et la guitare de Brassens.
Amours grises et colères rouges, c’est le titre de l’album. Qu’on soit amoureux ou pas, c’est un disque qu’on peut écouter et réécouter à l’envie, même si, en toute franchise, c’est quand même mieux d’être amoureux. 14 morceaux s’enchainent les uns après les autres, la plupart sont chantés par Fred, d’autres comme « Il y a ta bouche », par des invités. C’est souvent le cas dans les albums des Ogres. Leurs albums rassemblent des artistes venus d’ici et d’ailleurs. Leurs albums tissent des liens fraternels avec le monde entier. Leurs albums se foutent de la méfiance. Leurs albums sont des sourires radieux (parfois une lame de couteau, le plus souvent une rose entre les dents). Leurs albums sont des ponts sur lesquels on vient y danser en prenant la main d’un.e inconnu.e. Ah ces sacrés Ogres, ils ont toujours su donner une explication à notre amour pour la musique.