Donner un second souffle a des morceaux connus ou perdus de la mémoire des hommes est un projet noble. Et réunir sur les hauteurs de la Jamaïque une équipe de vétérans all-stars du reggae pour interpréter leurs morceaux en mode acoustique est bien plus que noble. C'est ROYAL.
Inna de Yard est parti il y a une dizaine d’années d'une initiative d'un label français de passionnés du reggae "Chapter Two". L'idée était simple : Retrouver des légendes du reggae et les faire chanter chez eux dans leur plus simple appareil: Leur voix, quelques percussions, un piano et des guitares unplugged. Pour rendre hommage et honneur à leurs compositions. Leur verser également des royalties car la plupart d'entre eux ont été victimes des chaînes des droits d'auteurs jamaïcains (des morceaux étaient repris à l’infini sans que l’auteur initial soit rémunéré !).
Leur dernier album homonyme, qui a inspiré le film "Inna De Yard" de Peter Weber, est sublime. Il encapsule toute l'âme de la Jamaïque, depuis l'époque des pirates jusqu'aux combats politiques et la spiritualité rastafarienne des années 70. On y retrouve des classiques du reggae (Everything I own, Malcolm X, Row Fisherman...) mais également trois sublimes reprises : L'Hymne à l'Amour d'Edith Piaf, Ain't no sunshine de Bill Withers et Speak Softly Love, le thème d'amour du Parrain de Nino Rotta.
On ne peut pas avoir les pieds sur terre en écoutant Inna De Yard. On est suspendus à ce reggae acoustique subtil qui prend par moments des formes folkloriques et soul. On est surpris par des sons d'accordéon et de piano qui rejoignent le cœur instrumental du reggae, la guitare et les percussions. On est ensorcelés par les voix métissées de Ken Boothe, des Viceroys, de Kiddus I, Winston McAnuff, Derajah, Horace Andy etc. On est dans un rêve tellement doux qu'on n'a pas envie qu'il s'arrête.