Peu de gens connaissent Scott Walker. L'annonce de sa mort dans les médias français la semaine dernière m'a un peu surpris. Mais après réflexion j'ai compris que c'était normal... Dans le pays (adoptif) de Jacques Brel, dans un des pays où David Bowie est le plus idolâtré, il était normal que les musicophiles s'intéressent à lui. Parce que Scott a été énormément influencé par le grand Jacques et qui à son tour a influencé l'immense David. Avec les reprises breliennes de Bowie, la boucle poétique entre les 3 musiciens était bouclée.
Je ne me suis pas encore - malheureusement - penché sur l'œuvre complète de Scott Walker. Sa mort va me précipiter sur ses traces avant-gardistes. Il avait la réputation d'être un compositeur à la fois éclectique et marginal. Incompris du grand public, énigmatique. Hors des charts et des dictats des grandes industries du disque qui imposent leurs choix et ne donnent pas toujours une grande liberté artistique. Aux petits surtout.
Dans ma mémoire, Walker est associé aux deux premiers albums de sa carrière solo, intitulés sobrement Scott 1 & 2. Sa voix était cristalline, puissante et noble comme celle de ses compatriotes Frank Sinatra ou Neil Diamond. Ses compositions personnelles ainsi que les reprises de tubes de broadway étaient particulièrement réussies.
Mais ce qui sortait du lot étaient les 5 reprises de Brel avec des paroles en anglais. Un pari risqué qui s'est avéré payant pour cet amoureux de la chanson française. Mathilde et Jackie ouvraient les 2 albums, suivies d'Amsterdam, la Mort et mon chouchou "Au Suivant". Reprendre Brel n'est pas une mince affaire mais les copies de Walker étaient parfaites! Des versions plus riches, avec des orchestrations plus denses, des éléments plus pop susceptibles de plaire au public anglo-saxon.
Et surtout une voix qui pouvait réveiller les morts.
R.I.P. Scott