★ Big Brother and the Holding Company – Sex, drugs and Cheap Thrills (1968-2018)
Sex Drugs & Cheap Thrills était le titre original choisi par Janis et son premier groupe - Big Brother and the Holding Company - pour leur deuxième album Cheap Thrills. Ils avaient cédé sous la pression de leur maison d'édition, qui craignait à juste titre un retour de bâton de l'Amérique puritaine. En 1968, la censure tenait bon face à aux vagues révolutionnaires de la jeunesse.
50 ans plus tard, Columbia, sort les précieuses archives de cet album culte sous ce titre. Des prises alternatives jouées live en studio avec des nouveaux solos et parties vocales, des inédits, le menu est impressionnant. On a une preuve supplémentaire que les quatre hommes qui constituaient le Big Brother and the Holding Company étaient très très bons. Ils ont injustement vécu à l'ombre de Janis, ils lui ont servi de rampe de lancement et ils ont splitté lorsqu'elle est partie. Ils étaient malheureusement trop dépendants d'elle, ils auraient très bien pu comme ils l'ont fait à leurs débuts continuer sans elle. Avant qu'elle arrive chez eux, ils étaient dans le top 3 des meilleurs groupes de San Fransisco, la voix du guitariste collait parfaitement au son de la ville psychédélique.
Mais on était dans une période bizarre, troublée par l'alcool et les drogues. Et puis Janis était une sacré femme, la plus rock'n'roll que le monde a connu.
★ B.E.D. EP (2018)
B.E.D. est l'acronyme formé de la première lettre des trois artistes ayant collaboré sur ce mini album : L'anglais Baxter Dury, le français Etienne de Crécy et Delilah Holliday, l'anglaise du duo punk/grunge Skinny Girl Diet. Il s'agit d'une belle surprise de fin d'année, non-planifiée et montée en très peu de temps à Paris, un cadeau de noël pour les fans des trois.
B.E.D. est une pop-electro trop cool, portée par la voix nonchalante du dandy Baxter - à ne pas confondre avec son papa, Ian Dury - et les beats d'Etienne. Je ne veux pas dévaloriser Delilah en disant cela mais le morceau le plus brillant de l'EP est incontestablement celui qui l'ouvre, "Tais-toi", où les deux hommes sont au top. Leur son est jouissif, sensuel (pour ne pas dire sexuel). B.E.D. est un pont spontané qui s'est formé entre le Royaume-(des)Uni et la France à l'heure du Brexit pour montrer une fois de plus que l'union fait la force ! Et que les artistes vont résister à cette vague de désunion déclenchée par une poignée d’hommes stupides.
★ José James - Lean on me (2018)
José James est une des meilleures recrues de Blue Note. Il correspond parfaitement à la direction prise par le label depuis les années 90 de mélanger le jazz avec les principaux courants musicaux (soul, hip hop, rock). Avec Lean On Me, album de reprises du grand Bill Withers je m'attendais à un travail de déconstruction et de reconstruction des originaux. Ajouter des samples, des solos de guitare, des nouvelles lignes de basse et ainsi donner un nouveau souffle à ses classiques de la soul.
Mais étonnamment il a pris le risque de rester fidèle aux originaux et se mesurer ainsi à un monument de la soul des 70s, Bill Withers. Il s'est entouré d'une équipe de grosses pointures et est parti enregistrer à un des studios légendaires de Capitol. Le son est bluffant, la voix sublime, toute l'essence de la soul masculine y est. L'élève a égalé - voire dépassé par moments - le maître !
★ Dead Can Dance - Dionysus (2018)
Les morts peuvent enfin ressortir de leur tombes, DCD sont de retour avec Dionysus, le dieu de la fête et du vin (et aussi chef des satyres). Le duo est resté fidèle à ses principes. Leur musique vient de très loin, des temps révolus, du folklore des quatre coins du monde, elle est ancienne et moderne à la fois.
Dans Dionysus on retrouve tous les éléments qui caractérisent le son DCD : la rêverie, les cornemuses, les chants d'oiseaux (du paradis), les bâtons de pluie, les percussions tribales, les voix qui chantent dans des langues peu connues (pour ne pas dire inconnues).
On n'est pas dans une thématique particulière - comme ils avait l'habitude de faire -, il n’y a pas de rapport à priori avec la Grèce Antique. On est dans un mélange ou plutôt un résumé condensé de leur énorme contribution à la musique moderne. En deux actes et six mouvements aux titres aussi évocateurs que leur musique, tout est dit : Avec Dionysus on est portés par la mer, la forêt, la montagne, on invoque les esprits et on libère le nôtre, on danse avec les Bacchantes et finalement notre âme est aspiré pour aller au-delà.